Les marchés boursiers tremblent ces jours-ci, les indices plongent dans le rouge, des mois de progression des cours sont volatilisés en quelques séances… S’agit-il d’une correction passagère ou d’une crise plus durable et profonde ? Il est trop tôt pour le dire et nous n’allons pas jouer au jeu des pronostics. Cependant, en prenant du recul, nous pouvons découvrir un paysage financier en profond changement, un basculement historique, et il concerne les taux d’intérêt.

L’ère des taux d’intérêt bon marché, des taux zéro ou négatifs, semble prendre fin, pour amorcer une remontée. Les taux d’intérêt à long terme (10 ans), la référence pour le marché obligataire, remontent aux États-Unis et en Allemagne après un plus bas atteint à la mi-2016. Depuis cette date les taux progressent, l’inflexion semble confirmée. On note également que la vitesse de circulation de la monnaie aux États-Unis a cessé de décroître depuis son plus haut atteint en 1997, ce qui confirmerait les craintes d’un retour de l’inflation.

Il faut bien prendre conscience que nous assistons ici au renversement d’une tendance "séculaire" ; en effet les taux d’intérêt aux États-Unis et dans le reste du monde ne cessent de baisser régulièrement depuis le début des années 1980. Et précédemment ils n’avaient cessé de monter progressivement depuis le début des années 1950 pour atteindre leur sommet en 1981, lorsque le président de la Fed, Paul Volker, avait monté le taux directeur à près de 20% afin de terrasser l’inflation. Le taux long américain fait figure de "mouvement tectonique" de l’économie mondiale, et il est en train de s’inverser.

L’inflation également n’a cessé de diminuer depuis les années 1980 ; les banques centrales ont même craint la déflation pendant un moment, mais la tendance s’inverse, à petit pas pour l’instant. Les matières premières sont orientées à la hausse, ainsi que les salaires américains, les prix à la consommation risquent de repartir à la hausse. La plupart des professionnels travaillant sur les marchés financiers ne connaissent que le contexte de baisse des taux et d’inflation proche de zéro, c’est dire l’ampleur du changement qui les attend.

La sortie des taux zéro, qui relevaient d’une situation exceptionnelle, aberrante même, pourrait être considérée comme une bonne chose, sauf qu’entretemps la dette – publique et privée – a explosé. L‘ensemble des dettes accumulées dans le monde représente désormais 226.000 milliards de dollars (192.000 milliards d’euros), un montant record qui équivaut à plus de trois fois l’activité économique annuelle de la planète (324% du PIB mondial exactement), selon une étude de l’Institute of International Finance. Cette dette, qui était soutenable avec des taux à zéro, le sera de moins en moins dans le futur, de grosses entreprises, des banques et des pays risquent de se retrouver en difficulté, ou en défaut, nous l’avions signalé en septembre dernier en relayant les fortes inquiétudes de la BRI, "la banque centrale des banques centrales".

"Nous avons une bulle boursière, et une bulle du marché obligataire", vient de déclarer l’ancien président de la Fed Alan Greenspan à Bloomberg. Tout cela à cause des taux zéro. Mais le vent est en train de tourner, et ça risque de tanguer sérieusement pour un bon moment… Basé sur sa valeur intrinsèque (et non sur de la dette), depuis toujours la meilleure protection contre l’inflation, mais quelque peu délaissé ces derniers temps, l’or physique se rappelle aux bons souvenirs des investisseurs. Ils feraient bien de ne pas laisser passer l’occasion.

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