50 ans jour pour jour après la Guerre du Kippour, l’attaque terroriste du Hamas en Israël stupéfie le monde par sa brutalité et sa soudaineté. L’armée israélienne reprend le dessus, mais on peut anticiper que cette guerre durera plus longtemps que la précédente (moins de 20 jours, du 6 au 25 octobre 1973), avec la menace de répercussions mondiales. À l’époque, en réaction à l’aide occidentale à Israël, les pays de l’OPEP avaient quadruplé le prix du baril de pétrole (de 2,59 à 11,65 dollars). Ce fut le Premier choc pétrolier, qu'il ne faut cependant pas réduire à cette guerre : la fin de la convertibilité du dollar en or décidée par Richard Nixon le 15 août 1971 avait déprécié la devise américaine, et les pays pétroliers voulaient retrouver leur pouvoir d’achat. Le même engrenage va-t-il encore se mettre en place ? Dans notre précédent article, nous nous demandions si l’inflation serait relancée par le pétrole. Voici une raison supplémentaire de le craindre.

Plus globalement, nous replongeons dans le contexte des années 1970. Car avec la guerre en Ukraine et, surtout, les sanctions prises envers la Russie, un nouveau rideau de fer coupe en deux le continent européen au sens large, de l’Atlantique à l’Oural, selon la formule du Général De Gaulle. Revoici l’inflation et la croissance atone. D’ailleurs, le terme "stagflation" a été inventé en 1965 par un responsable politique anglais, Iain Macleod, pour décrire la situation du Royaume-Uni qui souffrait d’une faible croissance quand les autres pays développés vivaient les "Trente glorieuses". On retrouve les mêmes blocs : États-Unis, Europe, Israël d’un côté, et en face, Russie, Chine, Iran (à l’origine du Deuxième choc pétrolier en 1979), avec une Arabie Saoudite qui sort progressivement de son inféodation à la puissance américaine. Et si la chute de l’URSS n’était qu’un voile qui, au fond, n'a pas changé grand-chose ? Elle a juste fait croire à une mondialisation heureuse et pacifique, dans laquelle s’est engouffrée la Chine. Mais cela est terminé, rideau.

Ce retour aux années 1970 n’a rien d’enthousiasmant, bien au contraire. Cela signifie la guerre, le pétrole comme nécessité vitale et déstabilisatrice de nos économies, la stagflation, des dépenses militaires importantes qui pèsent sur les budgets, des conflits qui éclatent un peu partout, des horreurs au journal télévisé, et l’attente de la "Grande confrontation", non plus entre les États-Unis et l’URSS mais désormais avec la Chine. La nouvelle guerre froide.

Au début des années 1970, les États commençaient à peine à s’endetter. Aujourd'hui, ils croulent sous des montagnes de dettes. Et tuer l’inflation comme l’a fait la Fed en 1980, en portant son taux directeur à 20%, n’est plus possible. La question du dérapage inflationniste va se poser, la stabilité de la monnaie aussi, et d’une façon encore plus prégnante qu’à l’époque… L’une des rares bonnes nouvelles de cette décennie était l’or physique, qui avait brillamment performé et protégé ses détenteurs (jusqu’au remède de cheval de la Fed, désormais inapplicable). Certainement que l'or jouera une nouvelle fois ce rôle.

Nous sommes sortis des sombres et tumultueuses années 1970 grâce à un vaste programme de baisse d'impôts et de libéralisation de l’économie (télécoms, transport aérien, finance…), de maitrise des déficits publics, de taux d’intérêt réels positifs et d’interdiction de la planche à billets (d’ailleurs le cours de l’or resta stable durant les années 1980 et 1990, un quasi nouvel étalon-or de facto !). Mais aussi avec un retour de la confiance de l’Occident en lui-même, un nouvel élan d'optimisme. C’était l’époque de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher. Un tel espoir est-il envisageable aujourd’hui ? Il va falloir, sinon la situation risque de se dégrader davantage.

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