L’or-papier est l’investissement le plus onéreux à l’heure actuelle. Pour 1 260 $, un investisseur aura un morceau de papier lui disant qu’il possède une once d’or. Mais il ne verra probablement jamais cet or. Premièrement, la plupart des investisseurs qui achètent de l’or-papier ne comprennent pas vraiment l’intérêt de détenir de l’or et, donc, ne penseront jamais à en demander la livraison. Et même si l’investisseur comprend l’importance de l’or physique, il se contente quand même d’en détenir le substitut, c'est-à-dire le papier. Bien sûr, c’est aussi ce que souhaite l’émetteur du certificat papier… il sait que les acheteurs d’or-papier n’ont pas l’intention d’en exiger la livraison. C’est parfait pour le vendeur, parce qu’il n’a pas l’intention, non plus, d’effectuer la livraison. C’est comme cela que les marchés de papier fonctionnent : les acheteurs et les vendeurs s’échangent des morceaux de papier censés représenter un actif sous-jacent, qu’il s’agisse d’actions, d’obligations, de devises ou de matières premières.

L’or-papier à 1 260 $ l’once ne vaut RIEN

Mais les marchés de papier sont illusoires. Ils donnent l’impression que les acheteurs acquièrent une part réelle de l’actif sous-jacent. Ce serait le cas si chaque unité d’une devise ou de l’or était adossé à de la monnaie réelle ou à de l’or physique. Mais dans les faux marchés actuels, c’est loin d’être le cas. Nous vivons dans un monde où l’empereur est nu. On fait croire aux gens que l’empereur est vêtu d’un habit d’or, alors qu’en réalité il est nu. C’est exactement la manière dont fonctionne le marché de l’or aujourd’hui. Les vendeurs à découvert sont toujours nus, ce qui signifie qu’il n’y a jamais d’actif sous-jacent sur lequel adosser leurs ventes. L’acheteur obtient un morceau de papier avec une valeur intrinsèque de zéro.

La situation est parfaite pour les banques centrales, les banques et les gros traders comme les hedge funds. Avec suffisamment de capitaux, ils peuvent manipuler n’importe quel marché sans jamais se préoccuper de la livraison. Cela crée des marchés totalement fictifs et sans aucun rapport avec l'instrument négocié.

Le prix de l’or ne correspond pas à la valeur de l’or

C’est pourquoi le prix d’une matière première "papier" n’a rien à voir avec la matière première sous-jacente. Les transactions sur papier peuvent avoir un effet de levier de 100, ou plus, et le prix sur le marché papier est celui qui détermine le prix de la matière première en question. Le prix de l'or est donc établi par le marché papier. C'est le prix auquel l’or papier se négocie. Il n’a pas grand-chose à voir avec le prix réel de l’or, celui que déterminerait le marché physique s’il n’y avait pas ce marché papier manipulé. Mais les acheteurs et les vendeurs ne se préoccupent pas du prix réel de l’or… parce qu’ils n’ont pas l’intention de détenir de l’or physique, ne comprenant pas son rôle.

Un jour, un petit garçon criera "l’empereur est nu!", et ce sera l’enfer. À ce moment-là, tous les détenteurs d’or-papier voudront la livraison de leur or et, comme l’empereur, découvriront qu’il n’y a plus d’or dans les coffres. Les manipulateurs perdront le contrôle du marché et le prix de l’or (et de l’argent) sera "sans offre", ce qui veut dire qu’il ne pourra être vendu à tel ou tel prix, parce qu’il n’y en aura pas à vendre.

Le pouvoir économique suivra l’or

Les vendeurs à découvert, surtout les banques de négoce d’or et les traders de contrats à terme, feront défaut, car ils ne pourront pas remplir leurs contrats et les acheteurs n’obtiendront pas d’or physique. Le marché deviendra un marché physique où les prix seront déterminés par ceux qui détiennent de l’or physique. Le pouvoir économique suivra alors le même chemin que celui emprunté par l’or physique au cours des 10-15 dernières années. Les pays de la Route de la soie – Chine, Inde, Russie – domineront alors peu à peu le système financier, grâce à leur or et leurs devises.

La Chine a acheté 171 tonnes d’or en avril, pour un total de 727 tonnes en 2017, en route vers les 2 000 tonnes.

 

 

Le système financier occidental, criblé de dettes, implosera, ce qui sonnera probablement la fin du cycle économique et culturel de l’Occident. Le temps que cela prendra dépend de nombreux facteurs, et est difficile à prédire. Mais l'économiste Ludwig von Mises l’a très bien exprimé :

"Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement final d’un boom provoqué par une expansion du crédit. L’alternative est de savoir si la crise doit arriver plus tôt, par l’abandon volontaire d’une expansion supplémentaire du crédit, ou plus tardivement, comme une catastrophe finale et totale du système monétaire affecté."

Nous avons déjà dépassé le point où un abandon volontaire de l’expansion de crédit serait possible. Une catastrophe finale semble donc inévitable. Avec la plus grosse bulle mondiale de l’histoire, cela pourrait aller très vite. La dette mondiale, les passifs non capitalisés et les produits dérivés à hauteur de plus de 2 500 000 milliards $ peuvent imploser très rapidement. Souvenons-nous que le PIB mondial n’est que de 70 000 milliards $ et que les passifs non capitalisés sont 35 fois plus élevés.

Le pouvoir économique sera progressivement transféré des économies corrompues de l’Ouest vers les pays qui ont eu la patience d’accumuler de grandes quantités d’or sur une longue période de temps. Je ne dis pas que ce déclin n'aura aucune répercussion sur les pays de la Route de la soie… le monde entier sera affecté sérieusement, y compris la Chine, avec ses dettes énormes et son économie dépendante des exportations. Mais les pays de la Route de la soie émergeront en tant que puissances dominantes, après le sévère choc initial.

La Suisse : plaque tournante de l’or dans le monde

Revenons au prix de l’or. Je rencontre souvent les acteurs du marché de l’or, surtout les raffineurs et les sociétés de stockage. Il est bon de se rappeler la quantité de travail et de savoir-faire nécessaire à la production et au stockage de chaque once d’or. Mais, avant cela, il faut extraire l’or, bien sûr, une industrie à forte intensité de capital et de main-d'œuvre. L’extraction de l’or a été dominée, jusqu’en 1970, par l’Afrique du sud, qui produisait plus des trois-quarts de l’or du monde, soit environ 1 000 tonnes par an. Aujourd’hui, l’Afrique du sud ne produit que 5% de l’or mondial, soit 160 tonnes. Le plus grand producteur est maintenant la Chine, avec 450 tonnes.

Il y a 40 ou 50 ans, la teneur en or par tonne de minerai pouvait aller jusqu’à 20 grammes. Aujourd’hui, elle est inférieure à 0,5 gramme. Ceci, combiné à l’augmentation des prix de l’énergie, a dramatiquement fait grimper le coût de l’extraction d’or. Les raffineurs reçoivent des lingots de doré des mineurs qui contiennent entre 10% et 70% d’or, le reste étant composé principalement d’argent.

Les raffineurs suisses produisent 60-70% des lingots d’or de la planète. Il existe quatre raffineries majeures en Suisse : Argor, Valcambi, PAMP et Metalor. Trois d’entre elles sont situées dans le Tessin, la partie italienne de la Suisse. Le choix de cet emplacement est dû à la proximité de l’industrie joaillière italienne, qui a dominé la production mondiale de bijoux pendant très longtemps. Ce n’est plus le cas, mais la Suisse continue de dominer le raffinage de l’or. L’or est aujourd’hui un secteur clé de l'industrie suisse, qui représente 29% des exportations du pays. Sans compter les nombreux coffres sécurisés, ainsi que l’important marché domestique de l’or. C’est pourquoi il est fort peu probable que la Suisse confisque l’or. Après tout, pourquoi tuerait-elle la poule aux œufs d’or ?

Le raffinage de l’or est une industrie de précision. L’erreur n’est pas permise pour produire un lingot contenant exactement 1 kilogramme d’or pur à 99,99%. Une fois l’or raffiné et les lingots moulés et estampillés, le processus final consiste à peser chaque lingot manuellement et de prélever la quantité exacte d’or pour que le lingot pèse un tout petit peu plus que 1 kilo. Afin de maintenir leur réputation, les raffineurs suisses en mettent toujours un peu plus. Tout ce qui pèse ne serait-ce qu’une fraction sous le poids requis est rejeté puis remoulé.

Quiconque a visité une raffinerie d’or suisse sait la quantité de travail et de précision nécessaire à la production de chaque lingot, qu’il soit moulé ou frappé. C’est pourquoi l’or suisse pur à 99,99% a la réputation d’être le meilleur au monde.

Comme abordé plus haut, le prix de l’or est celui auquel l’or-papier se négocie, disons 1 260 $. Selon l’acheteur et la quantité, le prix au détail pour un lingot d’or de 1 kilo est seulement de 1 ou 2 dollars au-dessus du prix papier. Cette différence de prix est ridiculement faible lorsqu’on considère la quantité de travail pour produire ce lingot.

La Suisse dispose aussi de plusieurs coffres privés pour conserver l’or. Le fait d’être une des plus anciennes démocraties au monde et de ne pas avoir été en guerre depuis 200 ans fait de la Suisse un des pays les plus sûrs. Politiquement, la Suisse est probablement le meilleur pays au monde et la seule véritable démocratie. La Suisse est donc l'endroit idéal pour stocker de l’or et de l’argent. Les critères les plus importants pour choisir le meilleur coffre sont le personnel, les propriétaires et la direction. Ensuite vient la sécurité physique et financière.

Si l’on regarde la qualité supérieure du raffinage et du stockage d’or en Suisse, il n’est pas surprenant que le pays jouisse d’une telle réputation dans le secteur. Le jour où le prix de l’or reflétera la valeur réelle de l’or, l’industrie suisse de l’or pourra fixer son prix pour l’or et le stockage… il est assuré que ce prix sera à des multiples de son niveau actuel.

Source originale: Matterhorn - GoldSwitzerland

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