Même si l'exercice est périlleux, tentons d'évaluer les conséquences économiques de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

La rupture des relations économiques est importante et brutale, les pays européens ne pourront quasiment plus exporter en Russie, ni celle-ci envoyer ses produits. Les entreprises européennes devront plier bagages. La coupure des flux financiers est presque totale. Avec les sanctions politiques qui s'y rajoutent, c'est un nouveau rideau de fer qui s'abat sur l'Europe. Le vieux rêve géopolitique des États-Unis consistant à couper l'Europe en deux, à l'encontre de la vision "de l'Atlantique à l'Oural" du Général de Gaulle l'emporte. Elle restera une puissance moyenne, et les États-Unis pourront se tourner vers leur adversaire principal, la Chine. La première perdante de cette guerre, c'est l'Europe malheureusement.

Cette cassure des échanges économiques va engendrer des pertes sérieuses pour de nombreuses entreprises européennes, exportatrices ou installées sur place. Cette tension crée déjà une hausse du prix des matières premières. Globalement une récession n'est pas à exclure. Pour la compenser, les dépenses publiques vont augmenter, le "quoi qu'il en coûte" va continuer. Il va même accélérer puisque l'Allemagne vient d'annoncer la création d'un fonds de 100 milliards d'euros pour moderniser son armée, et elle souhaite porter des dépenses militaires à 2% du PIB. D'autres pays suivront certainement. En Russie, ce sera pire ; le secteur bancaire est menacé d'effondrement, un bank run est possible, et de nombreux secteurs seront sévèrement touchés (plus de ventes d'avion, plus de pièces détachées, que va devenir le transport aérien, même s'il y a des constructeurs locaux ?). 

Cette coupure n'est cependant pas totale : les pays européens continueront d'acheter le gaz, le pétrole et les matières premières russes, ils ne peuvent pas s'en passer, surtout l'Allemagne. D'ailleurs, les banques russes participant à son financement n'ont pas été exclues de SWIFT, le réseau interbancaire international. On voit ici la limite des sanctions.

Dépenses publiques, risque géopolitique, la suite est simple à comprendre concernant la politique monétaire : la Fed et la BCE vont reporter la hausse des taux d'intérêt qu'elles avaient prévues pour le mois de mars, elles l'ont annoncé. L'inflation va donc continuer mais, pas d'inquiétude, elle sera mise sur le dos de guerre : "L’inflation est le prix à payer pour combattre Poutine" selon le vice-premier ministre des Pays-Bas. C'est tellement pratique ! La responsabilité de la planche à billets et de la transition énergétique est mise sous le tapis.

À moyen-long terme, une menace doit être prise en compte : la Russie fournit aussi du gaz à la Chine, et de plus en plus. En février 2022, un nouveau contrat a été signé pour lui fournir 10 milliards de m3 de gaz supplémentaires via un nouveau gazoduc qui devrait entrer en fonction d’ici deux à trois ans. Fort d'importantes ressources financières provenant de l'Empire du Milieu, Vladimir Poutine pourrait alors menacer l'Europe de fermer le robinet (le gaz russe couvre 40% des besoins de l'Europe et 55% de ceux de l'Allemagne). Par rapport à aujourd'hui, les rôles s'inverseraient...

En conclusion (provisoire), la confirmation de l'inflation et la montée des incertitudes doivent orienter l'épargnant vers l'or physique, évidemment, les cryptomonnaies ou l'immobilier à condition de connaître ces secteurs, des actifs qui protègent de l'inflation et qui se trouvent en dehors du système bancaire. Les actions bénéficieront de la planche à billets, mais cette dimension bullaire devient de plus en plus inquiétante. La guerre signifie une accélération de l'histoire, il faut être plus vigilant que jamais

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