Au tournant des années 2010, un nouveau concept s’impose dans la finance internationale : l'investissement socialement responsable (ISR), qui consiste à appliquer un certain nombre de principes (développement durable, éthique…) à l'investissement. Avant d'investir dans une entreprise, les gérants des fonds ne regardent pas uniquement ses bénéfices, mais aussi ses pratiques. Une liste de critères se crée et s’enrichit au cours des années : les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG).

  • Les critères environnementaux mesurent essentiellement les rejets de CO2, ainsi que la gestion des déchets, la consommation d’énergie, les répercussions de l’entreprise sur la biodiversité…
  • Les critères sociaux portent l’impact de l’entreprise sur ses salariés, ses clients, ses fournisseurs, au regard de normes de droit nationales et internationales (droits humains, droit du travail…)
  • Les critères de gouvernance portent sur la direction de l’entreprises, ses relations avec ses actionnaires, la transparence de la rémunération des dirigeants, la lutte contre la corruption…

On peut commencer par formuler une critique de principe : une entreprise existe pour faire du profit, dans le cadre de la loi, point. Tout ce discours constitue une critique voilée du libéralisme, du capitalisme, et l’imposition des critères ESG représente une attaque bureaucratique, étatique, contre la liberté des entrepreneurs.

D’autre part, les critères ESG ont récemment pris un tour plus polémique avec l’offensive de l’activisme woke, au point de susciter des réactions tranchées chez une partie des conservateurs américains : en 2021, la législature du Texas a interdit aux villes de l'État de faire appel à des banques promouvant les normes ESG et qui limitent ainsi le financement des industries du pétrole, du gaz ou des armes à feu. À noter que le Big Business proche de l’État, le "capitalisme de connivence" comme on dit, y est favorable comme en témoigne cette sortie de Larry Fink, PDG de BlackRock : "Il faut forcer les comportements, que ce soit en matière de genre ou de race…" Ceci dit, le débat a le mérite d'avoir lieu aux États-Unis. Il est malheureusement inexistant en Europe, pour l’instant.

Bref, que ce soit pour demander un crédit, ou pour gérer un fonds, les critères ESG deviennent de plus en plus déterminants, alors que seul le retour sur investissement comptait par le passé. Il ne faut donc pas s'étonner que les divers placements proposés par votre banquier, ou que vous pouvez souscrire ici ou là, offrent de faibles rendements. L’assurance-vie française dégage en moyenne moins de 2% par an : au-delà du contexte certes important de la crise obligataire, l’application des critères ESG contribue à la dégradation des performances. Mais en compensation on vous vantera l’aspect "éthique" du placement. Une belle enterloupe.

Privilégiez plutôt des placements comme l’or physique, qui représente à la fois le rendement et "l’éthique monétaire", puis incarne la confiance depuis des siècles. Le métal jaune est souverainement indépendant des États et des banques centrales. Il est insensible aux modes du moment et ne fait jamais défaut. (Sans oublier de suivre l’aventure du bitcoin, son petit frère numérique.)

Mélanger économie et idéologie est souvent une mauvaise idée.

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