L’incertitude financière et politique s'accentue

Dans un remake du choc ressenti à la suite du vote du Royaume-Uni pour quitter l’Union européenne, le prix de l’or a grimpé de quasiment 5% le jour suivant la victoire étonnante de Donald J. Trump aux élections présidentielles américaines. En effet, il s’agit du plus gros gain journalier de l’or depuis le « Brexit » du 24 juin 2016, lorsqu’il avait grimpé de près de 8%. Alors que les retombées du « Brexit », de l’autre côté de l’atlantique, restent à déterminer (ce qui pourrait prendre des années), les Américains ressentent la même incertitude pour leur avenir. Mais, comme vous le lirez ci-dessous dans la conclusion, cette incertitude se transformera éventuellement en une certitude regrettable à laquelle les investisseurs doivent être préparés.

nouveau report d'une hausse des taux d’intérêt ?

La victoire de Trump est vue par beaucoup comme un catalyseur d’incertitude économique mondiale, ce qui devrait nourrir les discussions de la Réserve fédérale américaine, le mois prochain, au moment d'évoquer une hausse longuement anticipée des taux d’intérêt. La réaction immédiate sur les marchés mondiaux et les devises ont engendré des spéculations selon lesquelles la Fed serait forcée à ne rien faire en attendant que les choses s’apaisent. La probabilité d’une hausse de taux est tombée à 36%.

Mais le dollar a rebondi après sa baisse de 2% à l’ouverture, le lendemain matin de l’élection, probablement après avoir digéré la surprise et avoir réévalué les promesses de campagne électorale qui ont peu de chance d'aboutir. Celles-ci incluent l’augmentation des dépenses d’infrastructure et des baisses d’impôt massives, ce qui pourrait favoriser le dollar US sur le court terme. Si ces mesures étaient réitérées par le président élu ou mises en application, elles exerceraient une pression à la hausse sur l'inflation, ce qui entrainerait une hausse précipitée des taux.

50 nuances d’incertitude

La mainmise de Donald Trump sur les leviers du pouvoir est renforcée par le contrôle républicain des deux chambres du Congrès… Mais est-ce vraiment le cas ? Le président élu a promis de renégocier les accords commerciaux comme l’ALENA et d’imposer des sanctions commerciales à d’autres pays. Mais les républicains du Congrès sont reconnus pour être pro libre-échange. Comme le président sortant Obama peut l’attester, ce que le Bureau ovale veut et ce qu’il obtient des autres niveaux du gouvernement sont souvent des choses bien différentes. Il faut donc ajouter cela à la liste de facteurs pouvant créer de l’incertitude politique.

Le brouhaha sur les marchés causé par le résultat des élections s’est calmé avec le discours du président élu qui, après presque deux ans de pessimisme excessif, avait l’air optimiste sur les perspectives d’avenir. Mais la question demeure : que fera – ou pourra faire – Donald Trump pour raviver une économie américaine à l’agonie ?

Conclusion

La dette publique des États-Unis approche les 20 000 milliards de dollars. La nouvelle administration Trump qui prendra les commandes en janvier s’est engagée à baisser les impôts et à faire de nouvelles dépenses pour un total additionnel (estimé) de 11-12 000 milliards $ sur dix ans. Plus les intérêts. Et ce sont des chiffres prudents.

Egon von Greyerz, membre de la direction de Goldbroker, pense que ce système financier est insoutenable. Une des seules certitudes en ces temps incertains est que l’or est la seule monnaie véritable, à l’époque de la "richesse virtuelle". Sa valeur actuelle – avec ses soubresauts en réaction aux nouvelles du jour – est minuscule comparée à sa valeur future. M. von Greyerz entrevoit la possibilité d’un effondrement du système dans la décennie à venir, et la victoire de Donald Trump (que vous l’aimiez ou non) n’y changera rien.

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