Par Yuliya Fedorinova and Olga Tanas

Vladimir Poutine fait sa part afin que le mouvement haussier de l’or perdure.

Depuis que le président russe est passé à l’offensive en Ukraine en 2014, l’actif refuge a enregistré son premier gain annuel en quatre ans, en 2016, et est en voie de récidiver en 2017. Bénéficiant des difficultés économiques et politiques (Corée du Nord, Brexit etc.) l’or est l'une des matières premières ayant le mieux performé cette année.

Pendant ce temps, la Banque de Russie a plus que doublé le rythme de ses achats d’or, portant ainsi la part de l'or dans ses réserves internationales au plus haut depuis 17 ans et l'arrivée au pouvoir de Poutine, selon les données du World Gold Council. Au second trimestre seulement, les achats d’or de la Russie ont représenté 38% de tout l’or acheté par les banques centrales.

 

 

La ruée vers l’or a permis à la Banque de Russie de continuer à accroître ses réserves, tout en s’abstenant d’acheter des devises étrangères depuis plus de deux ans. Elle est une des quelques banques centrales qui gardent foi en l’or, malgré que la demande mondiale pour le métal précieux ait chuté à un plus bas de deux ans au second trimestre. Mais ce qui importe le plus est que l’or est un investissement qui protège des tensions géopolitiques, à une époque de sanctions économiques et de profonds désaccords avec les États-Unis.

"L’or est un actif indépendant de tout gouvernement et, en effet, étant donné les quantités habituellement détenues en réserve, de tout gouvernement occidental", a déclaré Matthew Turner, analyste des métaux chez Macquarie Group Ltd., à Londres. "Cela pourrait intéresser la Russie, étant donné qu’elle fait face à des sanctions".

En plus d’être le plus gros acheteur officiel d’or, la Russie fait aussi partie des trois plus grands producteurs mondiaux. La banque centrale achète de l'or aux minières domestiques via les banques commerciales plutôt que sur le marché libre.

Depuis que la Russie a commencé à accélérer ses achats d’or en 2007, ses réserves ont plus que quadruplé, pour atteindre 1 716 tonnes à la fin juin. Le pays reste juste derrière la Chine, mais détient plus d'or que la Turquie, l’Inde et le Mexique combinés, selon le World Gold Council. La part de l'or dans les réserves de change russes, qui s'élèvent à 427 milliards $, approche les 17%.

 

Rythme SOUTENU

Si les achats de la Russie continuent au même rythme, l’augmentation sur l'ensemble de l’année 2017 "pourrait être très similaire" aux 200 tonnes annuelles achetées en 2015 et 2016.

La Banque de Russie a refusé de commenter. Son gouverneur, Elvira Nabiullina, a déclaré dans une interview, l’an passé, qu’une partie des réserves est détenue en or pour assurer une diversification. Tout l'or est stocké en Russie, et la gestion des investissements dans les métaux précieux se fait séparément des actifs libellés en devises étrangères, selon le site web de la banque centrale.

Bien que l’or soit toujours en hausse d’environ 11% en 2017, son prix a touché son plus bas en août et a subi sa plus grosse perte mensuelle depuis le début de l'année. La volonté de la Réserve fédérale américaine de resserrer sa politique monétaire fait baisser l’attrait pour le métal qui ne rapporte pas d’intérêts, alors que le dollar rebondit.

L'important pourcentage d’or dans les réserves de la Russie n’inquiète pas l'agence de notation Fitch Ratings :

"En fin de compte, les réserves doivent être liquides", a déclaré Erich Arispe, directeur chez Fitch pour les pays souverains et les entités supranationales. Comme les autres matières premières, l’or "peut aussi être liquide. Donc, en ce moment, nous ne voyons aucune inquiétude au sujet des réserves".

Source originale: Bloomberg.com

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