Un nouveau signe du peu d’efficacité des sanctions contre la Russie et de la prise de distance, cette fois-ci des grandes multinationales, avec les décisions politiques de la Maison-Blanche : Exxon et BP confirment leur partenariat avec la Russie.

Nous parlons ici de deux des plus grandes compagnies pétrolières qui s’opposent donc aux sanctions que Washington souhaite imposer à la Russie.

Le géant français Total a également signé un accord avec Lukoil, la deuxième plus importante société pétrolière russe.

Les intérêts financiers et surtout énergétiques semblent dépasser les enjeux politiques. La Russie ne peut plus être ignorée comme puissance énergétique, malgré les tentatives de déstabilisation.

Dans ces conditions, il est important d’observer quelles seront les monnaies utilisées dans le règlement de ces contrats et échanges énergétiques, car cela remettra directement en cause l’hégémonie du dollar et, donc, le système monétaire international actuel basé sur une monnaie fiduciaire, par définition non convertible en actifs tangibles.

On peut ajouter à ces partenariats le récent accord entre la Chine et la Russie sur un échange de gaz représentant une valeur totale de 400 milliards de dollars. La valeur totale a été exprimée dans la presse en dollars, mais la monnaie de règlement de ce partenariat gigantesque n’a pas encore été précisée officiellement. Or, la défiance de la Russie et de la Chine quant à l’utilisation du dollar est manifeste depuis plusieurs mois. On peut donc très fortement douter de l’utilisation du dollar en règlement de cet échange énergétique colossal.

La Chine souhaite d'ailleurs plus d'influence dans la détermination du cours de l'or via le Shanghai Gold Exchange.

La puissance énergétique russe (qui peut donc compter sur l’appui de la Chine et l’Iran) ne peut être remise en cause et c’est la Russie (avec ses partenaires non occidentaux) qui dictera dans quelle monnaie le règlement de ces échanges énergétiques se fera. La masse critique - que réprésente une alliance Russie-Chine-Iran (et BRICS) - semble atteinte, et rien ne semble désormais pouvoir empêcher l’avènement d’un monde multipolaire sous forte influence de l’Est, avec des conséquences sur le système monétaire international.

Si le dollar n’est donc pas utilisé dans le règlement de ces contrats énergétiques, et de toute évidence il ne le sera pas, le dollar, monnaie de réserve internationale, risque de perdre de sa valeur rapidement sur les marchés des devises.

Or, suite à un effondrement ou un mouvement de défiance global envers le dollar, tous les détenteurs de dollars chercheront rapidement une monnaie ou un actif qui garantira réellement le rôle qu’est censé remplir une monnaie de réserve internationale : sa capacité à garder de la valeur.

En analysant la quantité d’or physique importée tous les mois par la Chine et la Russie (mais aussi par les BRICS), on peut facilement se faire une idée de l’actif qui pourrait jouer ce rôle et de qui souhaite son retour dans le système monétaire international. Certains parlent de l'utilisation des SDR (Special Drawing Rights) comme base du futur système monétaire, mais cela reste une monnaie virtuelle et me semble inconciliable avec le fait que la Chine, et surtout la Russie, ne veulent plus tolérer l'hégémonie occidentale à travers le FMI.

Pour le moment, le cours de l’or « papier » est toujours en retrait et même sous pression sous les 1300 dollars l’once. Le nombre d’ « interventions » sur les cours est d’ailleurs de plus en plus flagrant, à croire qu’il devient urgent pour certaines grandes banques détentrices de contrats dérivés sur l’or et l’argent de couvrir rapidement leurs positions, dans un contexte de fin du London fix (lire mon analyse sur la fin du London Gold Fix et ses implications potentielles sur les dérivés).

 

Terminons avec deux parallèles graphiques : 

1) La correction du cours de l’or qui a eu lieu juste avant la forte hausse de la fin des années ‘70. Le cours avait corrigé de -48% avant de connaître une hausse parabolique. 

 

 

2) Parallèle graphique avec l'effondrement des marchés financiers en 1929.

 

 

L'alignement de nombreux évènements géopolitiques et financiers nous obligeant à reconsidérer le sysème monétaire international se confirme.

 

Fabrice Drouin Ristori

Fondateur/Dirigeant Goldbroker.com

ceo@goldbroker.com - Twitter @fabricedrouin

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