Greg Hunter (USAWatchdog.com) a interviewé Egon von Greyerz (Fondateur MAM - Membre du conseil d'administration de GoldBroker) sur la situation économique et politique actuelle, les risques pour les investisseurs, et les moyens de se protéger contre la prochaine crise qui se profile.

 

 

Greg Hunter (GH) : Bienvenue sur USAWatchdog.com. Cela fait longtemps que nous n’avons pas reçu notre invité… Egon von Greyerz est à la tête de Matterhorn Asset Management (GoldSwitzerland.com). Egon, merci de vous joindre à nous. 

Egon von Greyerz (EvG) : Ravi d’être avec vous, Greg. 

GH : Pour rafraîchir la mémoire des gens, vous avez plusieurs années d’expérience dans le secteur bancaire européen, à des postes haut placés… vous offrez désormais une solution d’investissement dans l’or, sur deux continents, avec stockage dans des endroits secrets... vous achetez de l’or à la tonne, en lingots, et vos clients sont très riches et ont un très bon réseau… 

Je voudrais commencer par là. D’un côté, vos clients entendent toutes sortes d’histoires négatives sur la dette, l’économie, sur la gravité de la situation actuelle. De l’autre, ils entendent qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre, que l’économie américaine est en croissance… et puis, il y a ces guerres tarifaires et les tensions qu’elles engendrent… Que pensent vos clients du paysage financier et politique actuel ? 

EvG : Nos clients détiennent de l’or, non pas parce qu’ils sont des spéculateurs ou qu’ils aiment l’or, mais bien dans le but de préserver leur patrimoine. Nous avons réalisé, au début de ce siècle, qu’il était essentiel de détenir de l’or en tant qu’assurance contre tout ce qu’il va arriver sur les marchés financiers, dans l’économie mondiale et en politique, au cours des prochaines années. C’est pourquoi nos investisseurs ne s’inquiètent pas du court terme, ils ne font pas de trading, ils n’achètent pas pour revendre… ils investissent dans l’or et le conservent en tant qu’assurance contre ces risques. Nos clients, dont plusieurs sont aux États-Unis et en Amérique du nord, s’inquiètent particulièrement du climat économique, évidemment, mais aussi du climat politique. Nous ne sommes pas une organisation politique, alors nous n’entrerons pas dans les détails… mais nous avons de très riches clients qui s’inquiètent de ce qu’il se passe politiquement, des accusations, de ce que les politiciens font, et du fait que plusieurs d’entre eux seront inculpés judiciairement. Ce n’est pas ma spécialité, mais je sais ce dont mes clients américains s’inquiètent. 

GH : Au point où nous en sommes aujourd’hui, certains disent que les choses vont dérailler… qu’en pensez-vous ?

EvG : C’est aussi mon sentiment. Je crois qu’un retournement du cycle économique est imminent. Cela pourrait commencer dès l’automne, avec les marchés d’actions, et pourrait s’étendre aux marchés obligataires. Vous savez, beaucoup de choses ressortent lorsque les choses tournent mal. Plusieurs sociétés à travers le monde sont massivement surévaluées, mais cela a été balayé sous le tapis. Les politiciens balayent tout sous le tapis, et cela passe inaperçu quand les choses vont bien. J’ai accumulé pas mal d’expérience en travaillant dans le secteur bancaire et au sein d’entreprises depuis la fin des années 1960, et j’ai vu cela auparavant. Lorsque les choses prennent une mauvaise tournure, les histoires cachées ressortent. Cela mènera non seulement à des actions en justice, mais aussi à des troubles politiques, et cela aura des répercussions sur les gens ordinaires, dont la situation se complique de jour en jour. L’écart entre riches et pauvres augmente de façon exponentielle. Quand les choses tourneront mal, le peuple aura l’estomac vide et les protestations ne seront pas pacifiques, c’est certain. Cela n’arrivera pas qu’aux États-Unis… mais aussi en Europe, où ils doivent gérer le problème du grand nombre d’immigrants arrivés cette dernière décennie. Quand les choses se mettent à mal aller, les minorités sont pointées du doigt, alors je suis certain qu’il y aura des problèmes majeurs en Europe, tout comme aux États-Unis. 

GH : Vous parlez du fait que vos clients investissent à long terme, et que vous avez identifié le besoin, au début de ce siècle, de détenir de l’or… Quelles sont les craintes de vos clients ? Quel est le montant maximum qu’ils tiennent à assurer ? Quel est le pire scénario qu’ils envisagent ? 

EvG : Cela fait des années que j’en parle. Je n’espère pas le pire scénario… j’identifie et j’analyse le risque. Si je regarde le système financier mondial, je me rends compte que c’est une bulle massive composée de papier. Ce papier, un jour, perdra presque toute sa valeur. Lorsque ce papier perdra sa valeur, la monnaie perdra sa valeur, ainsi que les actifs sous-jacents, puisqu’ils sont basés sur de la dette qui ne sera jamais remboursée. C’est ce qui inquiète nos clients. Vous savez, ce ne sont pas des fous qui vivent dans une grotte… ce sont des gens normaux qui voient, comme nous, qu’il faut se protéger contre les risques. Concernant le pourcentage des avoirs, cela varie énormément… selon nous, l’or est la meilleure assurance pour protéger sa richesse contre ce qui se profile, à condition que le métal soit détenu hors du système bancaire, évidemment. Je dirais qu’aucun de nos clients n’a moins de 20% de ses actifs en or et en argent physique. Certains détiennent 50% ou plus… cela varie beaucoup…

GH : Attendez un peu. Je voudrais que vous nous expliquiez cela… beaucoup de gens disent qu’il faut détenir 5%, 10%... des gestionnaires intelligents déconseillent d’aller au-delà de 10%, surtout pas à hauteur de 50%. Contrairement à vous, ils ne pensent pas que si le cours de l’or baissait, cela ne changerait rien. Mais êtes-vous en train de me dire que vos clients détiennent, au minimum, 20% de leurs actifs totaux ? Nous parlons de multimillionnaires, de milliardaires… Disons qu’un de vos clients a un milliard de dollars… il détient donc 250 000 $ d'or et d’argent physique, c’est bien ça ? 

EvG : Oui, c’est juste.

GH : Wow !

EvG : Il faut savoir que moins de 1% des actifs mondiaux sont investis dans l'or physique. Il s’agit d’un très petit groupe de personnes, même si c’est beaucoup d’argent… évidemment, la majorité des gens ne partagent pas notre vision, car sinon les autres marchés s’effondreraient. Mais nos clients sont inquiets des risques. Comme je l’ai dit, peu d’entre eux ne détiennent que 10% - car je crois que c’est nettement insuffisant. Regardez toutes les classes d’actifs actuellement, qu’il s’agisse de marchés boursiers, obligataires ou immobiliers… ces marchés sont tous en bulle, car ils sont alimentés par la croissance exponentielle du crédit – le crédit mondial a triplé depuis la fin des années 1990… depuis la crise, la dette est passée de 80 000 milliards à 240 000 milliards $. Lorsque la dette triple, cela ne signifie pas que le risque est seulement multiplié par trois, car il augmente de façon exponentielle. Il faut ensuite y ajouter tous les produits dérivés et les passifs non capitalisés… les produits dérivés sont à hauteur d’au moins 1,5 quadrillion $, mais plusieurs banques les ont mis hors bilan, en utilisant des chambres de compensation, entre autres… officiellement, il s’agirait de 600 000 milliards $; mais c’est plutôt aux alentours de 1,5 quadrillion $. En plus, il y a tout ce passif non capitalisé. On parle de risques que personne ne comprend ou peut mesurer. Car tout cela est du papier, du vent. C’est comme un ballon qui éclate… on se rend compte, à ce moment-là, qu’il n’y avait que de l’air à l’intérieur. La valeur des actifs implosera, ainsi que la dette. Je crois que les marchés boursiers, obligataires et immobiliers déclineront d’au moins 75%, voire de 90-95% ou plus, et certains actifs disparaitront. Je ne dis pas que le monde va s'effondrer. Mais rappelez-vous qu’en 1929, le niveau de dette et de risque était bien inférieur à ce qu’il est aujourd’hui, et ce n’était pas à l’échelle internationale. Le problème est aujourd'hui mondial. La bourse a perdu 90% entre 1929 et 1932, et il a fallu plus de 25 ans pour revenir au niveau de 1929… alors, cela me surprendrait pas du tout que la bourse perde 95% aujourd’hui, parce que le problème est bien plus grave.

N’allez surtout pas croire que les banques centrales ou les gouvernements pourront sauver la situation, car ils ont utilisé tous leurs outils : ils ont gonflé la masse monétaire, imprimé de la monnaie, et ils nous disent que tout est sous contrôle. Mais ils ne contrôlent rien… il n’y a plus de marge pour baisse les taux d’intérêt, non plus. Selon moi, les taux d’intérêt vont se mettre à grimper. Ils pourraient encore essayer de les baisser si les marchés sont sous pression à court terme, mais cela ne fonctionnera pas. Ce sera comme dans les années 1970, et nous verrons des taux d’intérêt de 20%... Les gens diront que je suis pessimiste, mais je ne fais que signaler le probable effondrement de l’économie mondiale qui aura lieu dans les années à venir. Cela pourrait être d’ici cinq ans, dix ans, mais disons d’ici 2025. Espérons que cela n’arrive pas, mais je ne vois pas de solution. Mais les miracles peuvent arriver… En tous cas, face à tout ces risques, les gens doivent s’assurer. Certains penseront peut-être que c’est parce que je vend de l’or que je suggère d’en acheter… Vous savez, certains de nos clients se sont posé la question. Il ne s’agit pas du tout d’un "business" dans l’or. Nous avons crée cette société après avoir identifié les risques. Plusieurs investisseurs nous ont demandé de les aider… Nous avons acquis de l’or pour nous protéger personellement contre les risques, et maintenant, c’est une passion, et non un business. Ça me passionne d’aider les gens inquiets qui veulent préserver une partie de leur richesse. Bien sûr, les actifs tangibles valent plus que la plupart des actifs papier, qui risquent de disparaitre. Les actifs tangibles, comme les terres agricoles, l’immobilier ou les droits miniers, sont mieux que le papier. L’immobilier a toujours constitué un bon investissement à long terme, mais c'est une bulle à court terme. C’est comme l’art; L'art est un investissement pour les riches qui ne savent pas quoi faire de leur argent, car ils en ont trop. Si vous avez 150 milliards $, comme Jeff Bezos, qu’allez-vous faire de cet argent ? Vous allez acheter des choses que personne d’autre ne peut se permettre… alors vous achetez des tableaux, ce qui fait monter le prix… mais l’art aussi, à court terme, est une bulle. À long terme, je crois que l’immobilier, l’or, l’argent, et même les œuvres d’art performeront bien. Mais aujourd’hui, comme je l’ai dit, le marché de l’art est en territoire de bulle. Je pense que l’or est le meilleur actif de préservation de richesse. Et je ne suis pas un gold bug… Nous avons commencé à acheter de l’or en 2002, alors qu’il était à 300 $, sous-évalué et mal-aimé. Un jour, tout le monde voudra acheter de l’or, et son prix sera à des multiples de ce qu’il est aujourd’hui. À ce moment-là, s’il y a d’autres choses intéressantes dans lesquelles investir, rien ne vous empêchera de remettre votre or dans le système financier en échange de monnaie, ou alors vous pourrez acquérir des actifs à très bas prix avec votre or. Ce temps viendra. L'objectif n’est pas de dormir sur son or pour l’éternité… vous pouvez toujours en garder un peu, mais pas dans les quantités que les investisseurs devraient détenir aujourd’hui.

GH : Quand vous parlez de vos clients qui détiennent plus de 20% de leurs actifs en or, je peux vous dire qu’aucun conseiller ne suggère cela… je ne vous critique pas, car je souhaiterais ne pas savoir ce que je sais maintenant, à savoir que 20% est logique. Nous avons une dette de 21 000 milliards $, et personne n’en parle dans les médias grand public… et il manque 21 000 milliards $ aux États-Unis, selon les données du gouvernement… et de Mark Skidmore, un doctorat en économie de l’Université de Michigan State, spécialisé dans les budgets publics… cela fait 42 000 milliards $. Nous avons aucune idée de la taille réelle de la masse monétaire. Maintenant, retour sur votre affirmation : "Les risques que les gens ne comprennent pas" – risques-que-les-gens-ne-comprennent pas – c'est effrayant… si quelqu’un vous met un fusil sur la tempe, vous savez à quel risque vous êtes exposé...

EvG : Nous vivons dans un système où il a toujours été logique d’investir en bourse, dans l’immobilier, ou même, depuis les années 1980, dans les obligations… cela a été facile, car les banques centrales sont intervenues à chaque fois qu’il y avait une baisse, comme en 1987, 1999-2000, 2007-2008… À chaque fois, elles ont inondé les marchés de liquidité, et c’est pourquoi nous sommes passés d’une dette pratiquement nulle, il y a cent ans, à une dette de 250 000 milliards $, à laquelle il faut ajouter les passifs non capitalisés et les dérivés. Donc, cela a été facile pour les gens… ils s’en sont bien tirés, alors ils se disent "pourquoi cela changerait" ? C’est ce que tout le monde croit. Cela fait longtemps que je le dis, et cela prend plus de temps que je ne croyais, mais vous ne devriez plus attendre pour vous assurer… comme pour une assurance incendie, vous n’attendez pas que le feu soit déclenché pour vous assurer. Nous ne disons pas aux gens qu’ils doivent détenir 20%, 50% en or; nous leur disons qu’ils devraient détenir autant qu’ils en sentent le besoin. Nous pensons qu’ils devraient en détenir assez pour se couvrir contre un déclin de leurs autres actifs. Parce que l’or sera toujours liquide, rappelez-vous. Tous les marchés, la bourse, l'immobilier, les obligations etc., vont s’effondrer, et il n’y aura plus de liquidités. S’il n’y a plus de monnaie dans le système, l’or pourra toujours être utilisé pour les échanges. Vous pourrez toujours utiliser votre or. Il y a très peu d’actifs en bulle avec lesquels vous pouvez faire quelque chose si les pressions s’accumulent sur les marchés… et cela arrive bientôt. 

GH : Certains diront que je suis en train de parler à un partisan de l’or, que je prêche pour votre paroisse. Vos clients détiennent 20% d’or physique, et je ne sais pas ce que sont leurs autres actifs… comme vous avez dit, des terres, des actions minières, des œuvres d’art, des diamants… des choses physiques. Mais les prix de l’or et de l’argent, en ce moment, à 1 200 $ l’once d’or et 15 $ l’once d’argent, ne se situent-ils pas aux alentours des coûts d’extraction ? 

EvG : Oui… les minières ont mieux géré leurs affaires ces dernières années, notamment en réduisant leurs coûts d’exploitation. Certains minières sont rentables, à ces niveaux, mais d’autres ne le sont pas. Ces prix sont au niveau ou un peu au-dessus des coûts d’exploitation. Nous avons atteint le pic de production d’or… toutes les découvertes majeures des années 1990… il n’y a plus de tels gisements aujourd’hui. Il s’extrait environ quelque 3 000 tonnes annuellement, et cela va décliner dans les cinq, six ans à venir, aux alentours de 2 000 tonnes par an. Bien sûr, le gros problème du marché de l’or, c’est l’énorme marché d’or papier… que ce soit sur le COMEX ou à travers les bullion banks, les montants sont énormes, et si les gens commencent à s’inquiéter et exiger la livraison de leur or, il n’y aura pas d’or disponible. Lorsque le marché s’effondrera – ce qui arrivera certainement – et que les gens demanderont livraison physique, cela fera grimper le prix de l’or de plusieurs centaines de dollars en quelques jours. Je n’essaie pas d’être sensationnel, je ne fais que regarder le marché, et je vois cette énorme quantité d’or papier, tous ces contrats se règlent en livres, dollars ou euros… personne ne demande un règlement physique, parce qu’ils ne sont pas inquiets et ne font que spéculer sur le prix de l’or papier. Mais lorsque les gens commenceront à exiger la livraison physique de leur or, il n’y en aura pas… c’est alors que le prix grimpera en flèche. C’est inévitable… je n’essaie pas de parler en faveur de l’or dans l’espoir qu’il grimpe. J’essaie d'expliquer le fonctionnement du marché. 

GH : Andrew Maguire disait qu’il y avait, en incluant les produits dérivés, plus de 1 000 onces d’or papier pour chaque once physique, et que maintenant, cela tournerait autour de 500 onces… Avez-vous des difficultés à vous procurer de grandes quantités d’or pour vos clients ? 

EvG : Non, pas ces jours-ci, et c’est intéressant, parce que beaucoup de gens croient davantage au marché papier qu’au marché physique, même si tout l’or produit annuellement, aux alentours de 3 000 tonnes venant des mines et 1 000 tonnes provenant du recyclage, est entièrement absorbé. La majeure partie de cet or physique va en Chine, en Inde… et prenez la Russie, par exemple : la Russie a plus que triplé ses réserves d’or ces deux dernières années. La Chine est partie de presque rien en 2006 et détient plus de 16 000 tonnes aujourd’hui. Les gens de l’Est savent ce qu’il se passe, ils comprennent. Pourquoi pensez-vous que la Russie vend ses bons du Trésor et achète de plus en plus d’or ? Pourquoi pensez-vous que la Chine essaie de réduire sa quantité de bons du Trésor et continue d’acheter de grandes quantités d’or chaque mois ? La Chine sait que le dollar perdra sa valeur et que le système financier va s’écrouler. 

GH : Que pensez-vous qu’il arrivera cet automne ? 

EvG : À long terme, ces risques se concrétiseront, c’est inévitable. Sur le court terme, il faut surveiller les événements techniques. Il existe toujours une chance minime que le marché boursier entame un dernier rallye, une dernière bulle. Mais je crois que nous assisterons à un retournement du marché, et que cela sera dramatique. Les gens s’inquiètent du fait que l’or pourrait baisser, mais nous avons investi dans l’or en 2002 et la tendance à long terme est clairement à la hausse… l’or, en dollars, a connu une plus grosse correction que dans d’autres devises. En Suisse, par exemple, nous achetons de l’or en francs suisses, et au Royaume-Uni, ils l’achètent en livres. Vous devez regarder l’or dans votre devise locale. Au Canada ou en Australie, l’or est proche de son sommet, en dollars canadiens ou australiens. Ça ne sert à rien de parler du prix en livres, par exemple. C’est seulement que le dollar a été fort, temporairement, et artificiellement… une fois que le dollar se retournera, l’or grimpera, même en dollars US. C'est ce qu’il va bientôt arriver. Il me semble que le marché des métaux précieux est en train d’établir un plus bas. Les autres marchés se retourneront également… et, à un certain moment, l’enfer se déchaînera, cela est certain. Cela pourrait démarrer lentement, tout comme cela pourrait débuter de façon dramatique… ces catalyseurs peuvent venir de nulle part, lorsque personne ne s’y attend… quelque chose de très sérieux pourrait avoir lieu dès cet automne, notamment sur la scène politique. Il n’y a jamais eu, aux États-Unis, un président aussi critiqué que Trump. Il est entêté et il se bat contre tout le système politique… cela va être très difficile, politiquement, aux États-Unis. 

GH : Malheureusement, les gens qui souhaitent un gouvernement mondial sont en panique. Trump ne fait rien d’autre que défendre le peuple, "We, the People", et on l’embête pour cela. Cette enquête sur la Russie est une blague, une chasse aux sorcières, depuis le premier jour… et il dit les choses telles qu’il les voit.

EvG : Je suis d’accord avec cela.

GH : L’Union européenne est un désastre pour l’Europe, allons ! 

EvG : Absolument.

GH : Pour le peuple d’Europe, c’est un désastre. 

EvG : Je passe du temps au Royaume-Uni, car j’y ai toujours une maison, et je suis à 100% derrière le Brexit, pour la simple raison que je ne crois pas qu’une élite non élue et non responsable puisse gouverner 500 millions de personnes. Ils n’ont aucune idée de ce qu’il se passe en Grèce, ou dans le nord de l’Écosse, ou même en Finlande. Ils forcent la Grande-Bretagne à rester au sein de l’Union européenne. Cela peut marcher à court terme, mais regardez l’Italie, la Grèce, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque… ces pays sont tous contre ce qu’il se passe maintenant, c’est un désastre. Comme je le dis depuis plusieurs années, l’euro va s’effondrer, ainsi que l’Union européenne. Ils devraient revenir à ce que cela était avant, soit une union commerciale, plutôt qu’une union politique, comme le veulent les élites. L’effondrement aura lieu, et c’est très triste, car l’Europe est constituée de beaux pays. Mais l’Europe est maintenant en déclin, parce que le système bancaire européen est un désastre absolu. Les dettes énormes qu’accumulent l’Italie, la Grèce et l’Espagne, indirectement financées par la BCE et par l’Allemagne, avec les banques allemandes et la Deutsche Bank, qui est en faillite… malheureusement, tout cela va s’effondrer. Comme nous l’avons dit, Greg, le problème est mondial. C’est pourquoi je ne vois pas de porte de sortie… je souhaiterais qu’il y en ait une, parce que je suis un bon vivant, une personne positive, même si je n’en ai pas l’air aujourd’hui, mais je le suis ! Une fois sa maison en ordre, après avoir fait le maximum pour se protéger, il ne reste qu’à profiter de la vie. Nous ne sommes pas ici pour longtemps, alors profitons-en. 

GH : Ce qui se passe avec les banques est une autre raison de détenir au moins 20% de ses actifs en or… Je suis surpris qu’ils continuent de soutenir Deutsche Bank… je pense que, lorsqu’ils cesseront de la soutenir, cela sera la fin de tout, n’est-ce pas ? 

EvG : Je le pense également, mais je crois que le gouvernement allemand et la Bundesbank feront tout ce qu’ils peuvent pour garder Deutsche Bank à flot, parce que, à court terme… elle fait partie de l’establishment. Ils imprimeront de la monnaie, ils feront tout ce qu’ils peuvent pour la garder en vie, mais cela ne pourra durer. Avec plus de 50 000 milliards $ de produits dérivés, il est pratiquement impossible de la garder à flot. Le marché ne croit pas en Deutsche Bank, non plus, car elle est évaluée au tiers de la valeur de ses actifs, entre autres. Donc, oui, ce sera un désastre, et lorsque cela commencera, toutes les pièces tomberont, comme des dominos. 

GH : Vous parlez de l’UE, du climat politique, des inculpations, du système bancaire, de Deutsche Bank, de la fragilité des banques américaines… C'est pourquoi vous envisagez un scénario catastrophe pour cet automne ?

EvG : Je regarde les marchés… ce sont les marchés qui me donnent les signaux que les choses sont sur le point de se retourner, et il est facile de trouver plusieurs catalyseurs qui pourraient déclencher la chose. Je pense que cet automne sera très intéressant, car plusieurs choses changeront le monde. 

GH : Vous avez été dans le "papier", dans le système bancaire, pendant une vingtaine d’années… vous n’êtes pas un "gars de l'or", vous êtes plutôt un financier, n’est-ce pas ?

EvG : Oui… je l’ai longtemps été. Mais j’ai aussi été un commercial, et c’est là où j’ai appris le plus, plutôt que dans le système bancaire. Car dans le système bancaire, personne ne comprend les risques. Personne. Le monde des affaires est plus difficile, et vous apprenez plus au sujet de risque que nulle part ailleurs. C’est pourquoi, maintenant, je comprends le risque plus que toute autre chose, et j’ai une vision à long terme du risque, parce que nous ne pouvons pas influencer le court terme, de toute façon. À long terme, ces choses vont se produire. Nous allons avoir un automne très intéressant. Cela sera diificile pour le monde, mais c’est inévitable. 

GH : Egon von Greyerz, de Matterhorn Asset Management, et aussi de Goldswitzerland.com, merci d’avoir établi les liens entre toutes ces choses. Je vous remercie de vous être joint à moi aujourd’hui. J’ai particulièrement aimé la phrase "personne ne comprend les risques". On parle de trillions, de quadrillions, et personne n'assimile les risques. Soyez prêts lorsque cela frappera. Il vous faudra être préparé lorsque l’enfer se déchaînera.

EvG : Oui… et certains le réaliseront trop tard et essaieront alors de se couvrir mais, malheureusement, le marché est trop gros pour obtenir une protection lorsque tout le monde court après… il sera trop tard. 

GH : Merci d’avoir parlé de vos clients… ce ne sont pas des gens qui ont juste de l’argent; ils sont intelligents, ont un réseau important...

EvG : Oui, ce sont des entrepreneurs, toutes sortes d’entrepreneurs… 

GH : Ils sont intelligents et ont de bons contacts. Comme je dis toujours à mes amis, j’aime bien faire ce que les gens riches font. Je me souviens avoir discuté avec un riche, et quand je lui ai dit que j’étais préoccupé par mes impôts, il s’est mis à rire, en disant que les riches ne se préoccupaient pas de cela, qu’ils payaient à la fin de l’année… 

EvG : Puis-je dire quelque chose ? Nos clients voient les risques et les problèmes… ce sont des personnes humbles, qui n’ont pas la grosse tête et ne se prennent pas pour les maîtres de l'univers... Ce sont des gens simples, inquiets de ce qu’il se passe, plutôt que des riches qui croient que tout va continuer comme avant. Cela les rend donc très intéressants, nous prennons du plaisir à les aider. 

GH : Vous savez, je ne veux pas dénigrer ces gens… s’ils sont riches, tant mieux pour eux ! Je ne les envie pas, mais je trouve instructif de voir ce que des gens très riches, ultra connectés, font. Et ils font ce que vous me dites… mais les gens ordinaires ne le font pas… si on leur dit de faire comme les gens riches, ils vont dire qu’ils doivent acheter des choses, de l’eau, de la nourriture, mettre des pneus sur leur voiture, qu’ils ne peuvent pas acheter de l’or.

EvG : L’or, ce n’est pas seulement pour les riches, c’est pour tout le monde. Tout le monde pourrait acheter, disons, un gramme d’or par mois. Si certaines personnes avaient fait cela pendant des années, ça les aurait sauvés. En Argentine et ailleurs. L’or n’est pas seulement pour les riches. Tout le monde peut en acheter un peu, sur une base régulière… ne pensez pas que seulement les riches peuvent se protéger, c’est pour tout le monde. 

GH : Ou ils peuvent acheter des pièces d’argent… 

EvG : Oui, bien sûr, de l’argent, c’est fantastique.

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