Les réserves d'or du Venezuela détenues à la Banque d’Angleterre ont bondi après la clôture d'un swap d'or (contrats d’échanges or contre devises) avec Deutsche Bank, tandis que la Grande-Bretagne demeure réticente à libérer l’or du pays en difficulté de l’OPEP.

Le gouvernement de Nicolas Maduro cherche depuis l’an dernier à rapatrier environ 550 millions $ d’or de la Banque d’Angleterre, craignant qu'il soit saisi dans le cadre de sanctions internationales à l’encontre du pays.

Ses avoirs à la Banque d’Angleterre ont plus que doublé en décembre pour atteindre un total de 31 tonnes, soit environ 1,3 milliards $, après que le Venezuela ait remboursé les fonds empruntés à Deutsche Bank par le biais d'un accord de financement utilisant l’or comme garantie, un swap.

Dans le cadre de l'accord conclu avec Deutsche Bank en 2015, le Venezuela a mis en collatéral 17 tonnes d’or en échange d’un prêt, selon une source qui a demandé à rester anonyme, n’étant pas autorisée à parler publiquement du sujet.

Les réserves d’or du pays sont tombées à 134 tonnes en novembre, contre 150 tonnes au début de 2018, d'après les données de la banque centrale.

Cela est dû en partie au fait que le Venezuela, l’an dernier, a commencé à effectuer des opérations de trocs d’or avec la Turquie pour importer de la nourriture, les sanctions américaines ayant rendu les banques internationales réticentes à traiter les transactions vénézuéliennes.

Les motivations de ce remboursement ne sont pas immédiatement évidentes, mais cela donnerait au Venezuela plus d’or pour les opérations de troc avec la Turquie.

Deutsche Bank et la Banque centrale du Venezuela ont refusé de commenter.

La Banque d'Angleterre a déclaré dans un communiqué qu'elle ne commentait pas les relations avec ses clients.

"Dans toutes ses opérations, la Banque respecte les normes les plus strictes en matière de gestion des risques et respecte toutes les lois applicables, y compris les sanctions financières applicables", a-t-elle ajouté.

Pressions politiques

La Banque d’Angleterre subit des pressions politiques de la part de l’opposition vénézuélienne et de membres du Parlement britannique afin de ne pas aider Maduro, dont le deuxième mandat qui débute a été largement décrit comme illégitime.

Perdre l’or porterait un coup dur aux finances du Venezuela en sapant la capacité du pays à acquérir des devises fortes, indispensables à l’importation d’articles tels la nourriture, les médicaments, les pièces d’automobiles et l’électronique grand public.

Mais si la banque refusait de libérer l’or, qui appartient à la Banque centrale du Venezuela, cela pourrait causer de l’inquiétude parmi les pays qui stockent leur propres réserves dans les coffres de la Banque d’Angleterre.

Le gouvernement Maduro est aux prises avec une hyperinflation avoisinant les 2 000 000% par an et un vaste effondrement économique ayant entraîné l'exode d’environ trois millions de personnes depuis 2015.

Certains opposants, comme le leader en exil Julio Borges, ont affirmé que l’or ne devrait pas être rapatrié, car il pourrait être utilisé pour financer la corruption.

Calixto Ortega, le directeur de la Banque centrale du Venezuela, a rencontré des dirigeants de la Banque d’Angleterre en décembre pour discuter du rapatriement de l’or, mais il n'aurait pas réussi à les convaincre, selon des sources proches du dossier.

Depuis des décennies, le Venezuela entrepose une partie de ses réserves d'or dans des coffres à l'étranger, une pratique courante des pays en développement.

Le leader socialiste décédé, Hugo Chavez, soulignant la nécessité pour le Venezuela de contrôler physiquement les actifs de la banque centrale, avait rapatrié à Caracas environ 160 tonnes d’or de banques américaines et européennes.

Maduro prétend que son gouvernement est victime d’une "guerre économique" menée pas l’opposition et alimentée par les sanctions de Washington. Ses détracteurs attribuent les difficultés du pays à un modèle économique dirigé par l'État, à un contrôle des changes strict et à la nationalisation des entreprises privées.

Source originale: Reuters

La reproduction, intégrale ou partielle, est autorisée à condition qu’elle contienne tous les liens hypertextes et un lien vers la source originale.

Les informations contenues dans cet article ont un caractère purement informatif et ne constituent en aucun cas un conseil d’investissement, ni une recommandation d’achat ou de vente.