Une crise ne se limite pas à une chute des cours boursiers, car dans ce cas on peut évaluer une capacité d’absorption et espérer un retour à la normale, elle se traduit également par une faillite retentissante qui douche l’espoir d’un rétablissement et fait craindre un effet domino destructeur. En somme une crise se traduit par le passage d’un krach financier à l’économie réelle avec les dégâts très lourds que cela implique.

Sur l’année 2015 les marchés sont hésitants et certains s’affichent même en recul, spécialement les matières premières : depuis fin 2014, les 22 matières premières incluses dans l’indice de Bloomberg sont passées d’un indice de 120 à 85. Sur une période plus courte, le DAX, l’indice boursier allemand, a perdu 20% depuis son plus haut en avril 2015. On a observé cet été un retour de la volatilité sur les marchés, on note même des problèmes de liquidité ici ou là dont un très gravé repéré par Investment Research Dynamics en septembre, pour qui "quelque chose s’est produit dans le système bancaire en septembre qui a nécessité la plus importante prise en pension du Trésor."

La question est donc : qui sera le prochain Lehman Brothers ? Qui sera le déclencheur ? Qui déchirera le voile d’optimisme béat des médias, des banques centrales et des politiques ? Actuellement deux noms circulent : Glencore et Deutsche Bank.

La compagnie de négoce Glencore, subit de plein fouet le recul du prix des matières premières et elle supporte 30 milliards de dollars de dette depuis le rachat de son rival XStrata en 2012. Selon Bank of America, le système financier mondial a une exposition globale d’environ 100 milliards de dollars sur Glencore, la faillite du numéro un mondial du négoce de matières premières serait donc un événement majeur. L’article d’Investment Research Dynamics cité plus haut relie d’ailleurs le problème de liquidité de septembre avec la société basée à Zurich qui a connu au même moment (le 28 septembre) un mini-krach sur son cours boursier. Et derrière Glencore se profile sa principale banque, le Crédit Suisse…

L’autre candidat est la Deutsche Bank qui accumule les mauvaises nouvelles, entre la baisse du cours de son action, les multiples amendes à payer caractéristique d’une gestion corrompue (9 milliards d’euros au total), la démission surprise de ses deux codirigeants (le 7 juin 2015), la rétrogradation de sa note par Standard & Poor’s à BBB+ soit trois crans seulement au-dessus de celui "d’actif pourri" (le 9 juin), puis l’annonce en septembre du licenciement de 23.000 salariés, soit le quart de l’effectif total. Un enchaînement typique d’une société en train de s’écrouler. A cela se rajoute 75.000 milliards de dollars d’exposition aux produits dérivés (20 fois le PIB de l’Allemagne) qui donnerait une dimension cataclysmique à la faillite de cette banque.

Qui de Glencore ou de la Deutsche Bank servira de déclencheur d’une prochaine crise ? Peut être une autre société à laquelle personne n’aura pensé mais, quoi qu’il en soit, les marchés deviennent plus erratiques, la volatilité augmente, les crises ponctuelles de liquidité se répètent ; un maillon va lâcher quelque part.

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