La semaine dernière a été mouvementée sur les marchés boursiers, avec de forts reculs à Londres, Francfort, Paris et New York. Un mini-krach, mais rien de sérieux ; un simple avertissement qui traduit une crainte diffuse des investisseurs : et si le temps des désillusions était venu ? En Europe et au Japon, les indices des marchés actions sont en-dessous de leur niveau du 1er janvier 2014, et à peine au-dessus aux États-Unis.

Le problème de fond est que la liquidité mondiale ne cesse d'augmenter à un rythme bien plus élevé que la croissance économique réelle. Même si la Fed arrête son plan de Quantitative easing, la Banque du Japon accélère le sien et la Banque centrale européenne relance son propre plan, notamment en voulant racheter des actifs bancaires. Et puis toutes ces banques centrales maintiennent les taux à zéro, ce qui facilite l'expansion monétaire. Résultat, toute cette monnaie excédentaire, qui ne trouve pas à s'employer dans l'économie réelle (le crédit aux entreprises ne repart pas), se retrouve sur les marchés et fait monter le prix des actifs. D'où les performances des bourses depuis 2009 (mars 2009 exactement, date du premier QE de la Fed).

Mais à un certain niveau de valorisation, les prix des actifs risqués (actions, obligations d’entreprises) ne progressent plus, parce que les investisseurs se rendent compte que, manifestement, les primes de risque ne couvrent plus le risque. Et cette crainte est d'autant plus renforcée que les espoirs d'une véritable reprise économique s'envolent (le FMI a rabaissé ses prévisions, une série de mauvais chiffres ont récemment été publiés aux États-Unis et en Allemagne).

Comment réagissent les investisseurs ? Ils se reportent vers le dernier actif considéré comme sûr et se dirigent alors vers les dettes souveraines sans risque, c'est à dire celles des États-Unis et de l'Allemagne, principalement. Parce qu'on assiste dans le même temps à une plus grande différenciation des dettes publiques : la Grèce est abandonnée et voit ses taux dangereusement remonter, l'Espagne et l'Italie sont délaissées et ne profitent pas de cet afflux, la France en profite un peu, mais pas autant que l'Allemagne, avec qui les écarts de taux s'accroissent. Le compartiment obligataire devient plus différencié, plus volatile, en un mot : plus dangereux. Mais les dettes considérées comme sûres en profitent et, comme on l’a constaté, leurs taux ont baissé au moment de la tourmente boursière de la semaine passée.

La dette publique américaine représente certes un volume gigantesque, cependant sa capacité d'absorption n'est pas infinie. Sa crédibilité non plus. Même si la Fed est derrière et peut imprimer ce qu'elle veut pour satisfaire les échéances, à un moment donné la défiance apparaîtra. Ce moment n'est pas encore venu, mais nous sommes ici clairement sur le dernier rempart qui fait encore tenir les systèmes monétaire et financier debout. Que celui-ci vienne à céder et la panique sera généralisée.

Si, il existe encore un rempart, mais les autorités monétaires n’y croient pas, ni les grands investisseurs ou les banques. Il s’agit de l’or, bien sûr. Celui-ci n’a jamais cédé au cours de l’Histoire, mais attention : il n’y en aura pas pour tout le monde !

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