On peut facilement accuser les défenseurs de l’or, et plus globalement les adeptes de l’école autrichienne, d’être systématiquement pessimistes et d’annoncer en permanence de futurs krachs financiers. Inconsolables de la disparition de l’étalon-or, ils vitupèrent sans relâche contre les planches à billets des banques centrales et des lourdes menaces qu’elles font peser sur la monnaie. Le risque existe, certes, de se complaire à annoncer l’apocalypse, de se figer dans une posture.

Mais parfois ces craintes sont confirmées par des analyses provenant d’autres horizons intellectuels, et il ne faut alors pas bouder son plaisir. C’est le cas avec cette étude du service de la recherche de la banque Natixis, intitulée "L’instabilité financière est irréversible", qui corrobore en tous points les critiques formulées dans ces colonnes et quelques (rares) autres.

Par "instabilité financière", on nomme ici des excès d’endettement suivis de crises de désendettement, des bulles sur les prix des actifs suivies de leur explosion, de la taille croissante des flux de capitaux internationaux qui causent une variabilité excessive des taux de change. Et toutes ces convulsions sont directement liées, selon Natixis, à "l’excès de création monétaire par les banques centrales". Merci pour cette confirmation.

La base monétaire ou "monnaie banque centrale", c’est-à-dire la monnaie créée directement par la banque centrale, est passée, dans les pays de l’OCDE, de 10% du PIB en 2008 à 35% fin 2016 ! Et rien ne semble arrêter cette hausse vertigineuse enclenchée lors de la crise des subprimes.

Lorsqu’une banque centrale achète un actif financier à un agent économique et le paye avec de la monnaie qu’elle crée alors ex nihilo, cet agent peut faire un libre usage de cette monnaie : acheter des actifs financiers (actions, obligations, crédit…) ou immobiliers. Cette monnaie créée sans contrepartie fait alors artificiellement gonfler les cours de ces actifs, jusqu’au décrochage qui ne manque pas de survenir un jour ou l’autre. "Plus cette quantité de monnaie créée par les banques centrales est de grande taille, plus ces achats-ventes des différents actifs sont aussi de grande taille, et plus l’instabilité financière est forte," avertit justement l’étude.

Et rien n’arrêtera cette fuite en avant puisque, comme l’indique l’étude : "pour réduire l’instabilité financière, il faudrait donc réduire l’offre de monnaie (la liquidité en circulation), mais les banques centrales n’oseront jamais le faire avec le risque que la contraction de la liquidité provoque une crise financière très grave." Traduisons cette "crise financière très grave" : ce serait cette fois des faillites bancaires massives et la perte de la confiance dans la monnaie elle-même, la fin du système financier tel que nous le connaissons. Autant s’accommoder de crises moins graves, même si elles sont à répétition.

L’étude conclut ainsi que "l’excès de liquidité et l’instabilité financière qui l’accompagne sont donc irréversibles : il y aura d’autres crises financières, et il faut donc réfléchir à la gestion des crises à défaut de réfléchir à la prévention des crises." Justement, la gestion des crises financières, ça nous connaît : nous savons que l’actif optimal pour s’en protéger est l’or physique, bien sûr, on ne va pas se répéter. Une mention manquante, cependant, dans l’étude de la banque Natixis : on lui mettra donc 19/20.

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