Plusieurs analystes favorables à l'or annoncent une hausse prochaine du cours du métal précieux. Ils s'appuient pour cela sur plusieurs arguments :

- Les taux négatifs : pendant longtemps l'or était décrié, "ça ne rapporte aucun intérêt !". Effectivement, mais maintenant que le rendement des placements traditionnels (livrets bancaires, assurance-vie) plonge vers zéro, l'argument tombe. La masse des emprunts d'État qui se négocient à taux négatif augmente, et la situation ne risque pas de s'améliorer.

- Les marchés boursiers au plus haut : les niveaux atteints juste avant la crise de 2008 ont été dépassés, et pourtant aucune vraie reprise ne pointe son nez. Obama va devenir le premier président de l'histoire des États-Unis pour lequel la croissance n'a jamais dépassé 3% sur une année. Les chiffres du chômage sont artificiellement dégonflés par les personnes découragées qui ne s'inscrivent plus (près de 100 millions d'Américains en âge de travailler n'occupent pas un emploi). Et ne parlons pas de l'Europe et du Japon, dont les taux de croissance s'avèrent encore plus faibles. Quant à la "locomotive chinoise", elle a fait long feu.

- Des ventes d'or physique dynamiques, au point que les fondeurs ont du mal à suivre.

Certes ces explications sont convaincantes, et d'ailleurs l'or a déjà progressé (de 1000 dollars l’once, fin 2015, à 1300 dollars aujourd’hui), mais elles ne peuvent suffire à propulser l'or vers de nouveaux sommets, selon nous. Deux autres éléments doivent intervenir, et on commence justement à en voir les prémices :

- Les doutes sur l'or papier : un grand nombre d'investisseurs à travers le monde utilisent et font confiance à ce support. C'est regrettable, mais c'est ainsi. Or les premiers signaux négatifs commencent à apparaître ; c'est notamment le cas de l'affaire Xetra-Gold, une filiale de la Deutsche Bank, où un client ayant demandé la conversion de ses titres en or physique s’est vu opposé un refus. Les détenteurs d’or-papier vont commencer à comprendre que s’ils demandent tous en même temps la livraison en "vrai" or, ils ne seront pas servis. Voilà qui pourrait provoquer un choc salutaire et inciter ces investisseurs à basculer sur le physique.

- Mais le plus important est la crédibilité des banques centrales : elles sont largement écoutées et crues par la grande masse des investisseurs. Là encore, c'est regrettable, mais c'est ainsi. Cependant, les récurrentes et contradictoires déclarations de Janet Yellen sur le relèvement des taux d'intérêt, "peut-être bientôt, mais ce n'est pas sûr", "parce que l'économie est robuste mais, en fait, pas tant que ça", toutes ces palinodies commencent à sérieusement entamer la crédibilité de la Fed. Mario Draghi, avec son programme de rachat d'actifs souverains et privés (80 milliards d'euros par mois), qui n'obtient aucun des résultats attendus, rabaisse également la parole de la BCE. Le respect confucéen de l'autorité incite sans doute les Japonais à accorder foi à la BoJ plus longtemps, mais là aussi les déconvenues s'accumulent. Chacun comprend progressivement qu’avec les taux négatifs, les banques centrales se sont mises dans un cul-de-sac.

Voici la véritable alternative : tant que les banques centrales demeurent crédibles, le cours de l'or peut, au mieux, progresser raisonnablement, mais lorsque leurs discours fallacieux et contradictoires n'auront plus prise sur la réalité, l'or battra record sur record. Nous n’en sommes peut-être plus très loin. En tout cas, des doutes sérieux commencent à s’insinuer dans l’esprit de la grande masse des investisseurs…

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