Le 15 février, alors que le dollar US s’apprêtait à plonger, Goldman Sachs annonçait triomphalement sa toute nouvelle recommandation : vendre l’or à découvert (à 1 205 $), avec une cible de 1 000 $ et un ordre de vente stop à 7%. 

 

 

Vu qu’il s’agit de Goldman Sachs - ce hedge fund dont les traders maison prennent immédiatement la position contraire à celle recommandée à leurs clients - lesdits clients ont été immédiatement et brutalement « rincés », vu que l’or a augmenté en réponse à la baisse du dollar (une autre recommandation de Goldman qui a mal tourné). Il n’a fallu que deux mois et demi avant que Goldman ne ferme sa recommandation de vendre l’or à découvert, le 29 avril, lorsque le prix de l’or dépassa les 1 300 $, déclenchant l’ordre de vente de Goldman. Officiellement, Jeff Currie de Goldman a décidé de prendre son temps, bien qu’il ait finalement jeté l’éponge en admettant que Goldman Sachs s’était encore trompé sur l’une de ses recommandations (souvenez-vous que Goldman a perdu de l’argent sur 5 de ses 6 'meilleures recommandations pour 2016', en un peu plus d’un mois).

Mais au lieu d’admettre qu’elle n’a aucune idée sur la façon de trader l’or, vers où il se dirige ou quels en sont les catalyseurs, Goldman Sachs a décidé de changer ses cibles de prix, et au lieu de prévoir 1 100 $ l’once d’ici trois mois, la banque a généreusement augmenté sa cible de prix de 100 $, à 1 200 $, même si l’or s’échangeait à quasiment 1 300 $ il y a quelques jours et qu’il n’a baissé uniquement à cause du récent rallye du dollar US.

En d’autres mots, Goldman admet s’être trompé, mais reste indirectement « vendeur », souhaitant attirer encore plus de clients vers la même recommandation sur laquelle elle s’est trompée lors des trois derniers mois… et, au passage, si possible, acheter leur or.

Voici leur 'explication' :

"Nos économistes n’anticipent plus désormais qu’une baisse de 50 points de base des taux de la Fed au cours des 12 prochains mois contre 100 points auparavant. Notre équipe d’analyse mondiale des taux a également réduit ses prévisions, sur la même période, pour les taux réels à 10 ans. Par conséquent, nous réduisons notre prévision à la baisse du prix de l’or, en augmentant les prévisions pour les 3/6/12 mois à 1 200/1 180/ 1 150 $ l’once, alors qu’elles étaient de 1 100, 1 050 et 1 000 l’once. Notre nouvelle moyenne pour l’année est 1 202/1 150/1 150 $, alors qu’elles étaient de 1 124/ 1 000/1 050$. Bien que nous prévoyons que les prix de l’or baissera d’ici 3 à 12 mois (avec perte de 5% à 9%), les changements dans nos prévisions de taux servent à réduire le degré de perte possible avec notre modèle du prix de l’or et ainsi changer le risques-rendements de notre recommandation de vendre l’or à découvert (publiée le 15 février), que nous avons fermée, avec une perte de 4,5%."

Ou vous auriez pu tout simplement vous souvenir que vous aviez un ordre de vente à 7% et que l’ordre s’est déclenché il y a deux semaines, ce que tout trader saurait très bien s’il faisait vraiment cette transaction, au lieu de ne s’en servir comme appât pour que les clients se débarrassent de leur or.

D’un autre côté, vu que rien ne pourrait être plus baissier pour l’or que Goldman Sachs prenant une position longue sur l’or, nous sommes ravis que Goldman achète encore de l’or – en demandant à ses clients de leur vendre leur or – car cela signifie que le potentiel de hausse du métal précieux reste illimité.

Voici ce que Currie a dit d’autre – il s’agit d’une copie conforme de ce qu’il a déclaré à la mi-février, avec l’exception qu’il admet maintenant qu’il s’était trompé alors, et qu’il augmente sa cible de prix de 100 $.

"Selon nous, le rallye de l’or durant le premier trimestre 2016 a été mené principalement par les inquiétudes au sujet de la politique américaine de taux d’intérêt, l’attitude conciliante de la Fed, la faiblesse des taux réels américains, aussi bien que par la dépréciation du dollar US (autant envers les devises du G10 que celles des marchés émergents, ces dernières à la suite d’une relance du crédit en Chine). De plus, nous avons assisté à la plus grande hausse jamais vue dans les positions nettes spéculatives sur l’or lors des derniers trois mois, spéculation qui approche le niveau du pic d’après la crise financière mondiale.

Nous voyons une hausse limitée de l’or à l’avenir, vu le peu de marge de manœuvre de la Fed à surprendre vers le bas (le marché anticipe 16 pts de base à la fin de 2016, et moins d’une hausse de 25 points de la Fed dans les prochains 12 mois), le peu de marge qu’a le dollar pour déprécier davantage, et le peu de marge de la Chine à renforcer les devises émergentes afin de contribuer à la faiblesse du dollar.

Tandis que les risques de hausse du prix de l’or apparaissent relativement limités, nous voyons un certain nombre de catalyseurs qui feront baisser le prix de l’or, comme une Fed plus agressive et une plus grande divergence entre les taux américains et ceux des pays du G10, qui correspondrait à une appréciation graduelle du dollar au cours des 3 à 12 prochains mois. Alors que le rapport sur l’emploi de vendredi a été une petite déception, avec la création de 160 000 emplois non agricoles, quelques révisions à la baisse par rapport aux mois précédents, et des déclins dans l’emploi des ménages et le taux de participation au marché du travail qui ont renversé certains gros gains des six mois précédents, la vue d’ensemble est toujours une accélération graduelle, car que le marché américain de l’emploi se dirige vers le plein emploi et que des facteurs temporaires comme la faiblesse dans l’énergie, les importations et les couts des soins de santé deviendront moins importants au cours de l’année 2016. En fait, l’économie est sur une voie qui incitera le FOMC à relancer le processus de normalisation d’ici peu – probablement dès septembre, peut-être même en juillet. Après les chiffres peu reluisants des deux derniers trimestres, nous nous attendons à ce que la croissance du PIB rebondisse à un rythme de 2,25%, alors que que les facteurs fondamentaux pour la demande domestique, surtout la construction et la consommation, demeurent favorables."

La phrase suivante est notre favorite :

"De plus, il y a des raisons de croire que l’environnement d’évitement du risque qui a contribué à la surperformance de l’or au début de l’année est peu susceptible de se répéter dans un avenir proche, étant donné que la confiance en la croissance chinoise, la stabilité de leur devise, et la probabilité d’un effondrement des prix du pétrole se réduisent."

Pourquoi est-ce notre phrase favorite ? Parce que, seulement quelques heures plus tôt, un autre rapport de Goldman Sachs avertissait que, dans le but de stabiliser le marché des obligations, les banques centrales pourraient déclencher des « turbulences financières » et un « choc de taux d'intérêt ». C’est comme si Goldman Sachs n’avait même pas besoin de raconter une histoire cohérente pour voler ses clients.

Et voici la conclusion insipide de Goldman Sachs, avec un air de déjà vu…

"Les risques entourant notre vue baissière sur l’or nous paraissent comme étant largement équilibrés. Un risque haussier à notre prévision est qu’une croissance chinoise plus basse que prévu pourrait avoir un impact significatif sur les actions américaines, la confiance des consommateurs et la croissance, résultant alors en de plus faibles augmentations des taux réels, par rapport à notre profil de prévision. Un risque baissier relatif à notre cas de base serait une réduction importante du rythme d’achat d’or des banques centrales de Chine et de Russie (depuis le milieu de l’an dernier, les achats continuent à un rythme élevé de 450 tonnes par an)."

… il ne manque qu'une chose dans cette phrase : où sera le prochain ordre de vente de Goldman… parce que c’est vers là que l’or se dirige.

Source originale: Zerohedge

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