Les banques centrales occidentales ont le don de choisir le bon moment pour vendre leurs réserves d’or. Elles sont fortes pour vendre quand le marché de l’or est au plus bas. Les banques centrales du Royaume-Uni, de la Suisse et de la Norvège, pour n’en nommer que quelques-unes, ont planifié leurs ventes à la perfection… le seul problème est qu’elles ont vendu au plus bas niveau entre 1999 et 2004. C’était, bien sûr, le moment d’acheter de l’or, non d’en vendre. Mais les ministres des finances en charge des économies occidentales ne comprennent rien à l’économie. Ils ne comprennent même pas que la destruction absolue de la papier-monnaie est toujours révélée par le prix de l’or. 

Le Royaume-Uni, la Suisse et la Norvège ont vendu leur or au plus bas

Alors que les banques centrales se lançaient dans la plus grande expansion de crédit et impression monétaire de l’histoire au début du siècle, elles ont vendu le seul actif qu’elles auraient dû conserver. Le Chancelier de L’Échiquier du Royaume-Uni, en 1999, était Gordon Brown. Après un déclin de vingt ans du prix de l’or, il a vendu 58%, ou 395 tonnes, des réserves d’or du pays entre 160 £ et 185 £ l’once. Aujourd’hui, l’or est à 1 000 £ l’once, soit sept fois plus haut qu'au moment où Brown décida de vendre l'actif le plus précieux du Royaume-Uni.

 

La décision désastreuse de Brown de vendre l’or à son plus bas a coûté 10 milliards £ au Royaume-Uni

Gold in pounds

 

La Suisse, pourtant un pays ayant une forte tradition de l’or, a aussi pris la mauvaise décision au mauvais moment. Elle a vendu 50%, ou 1 300 tonnes, de son or entre 1999 et 2005, à un prix moyen de 505 CHF l’once. 250 tonnes furent vendues en 2007-2008 à 780 CHF l’once. Aujourd’hui, en francs suisses, l’or est à 1 240 l’once.

 

L’or que mes compatriotes ont vendu vaudrait aujourd’hui 34 milliards CHF de plus 

Gold in Swiss Franc

 

L’Ouest vend son or, et l’Est continue d’en accumuler 

Mais ce n’est pas seulement le fait d'avoir vendu l'or au plus bas. S’ils avaient compris les effets de leurs politiques de dévaluation de la monnaie, le Royaume-Uni et la Suisse auraient acheté de l’or au lieu d’en vendre. C’est exactement ce que les pays de la Route de la soie ont fait au cours du siècle.

 

Tandis que l’Occident vend son or, la Chine, l’Inde, la Russie et la Turquie en ont acheté 28 000 tonnes depuis 2000

Silk Road Gold Demand

 

Enfin, il y a la Norvège, qui n’a jamais possédé beaucoup d’or. Mais cela ne l’a pas empêchée de vendre l'intégralité de ses 33 tonnes d’or, en 2004, pour 450 millions $, soit le quart de sa valeur actuelle. Comme de nombreux pays qui se sont enrichis par chance ou par pillage, la Norvège est devenue riche au-delà de ses rêves grâce à ses découvertes de pétrole.

 

La Norvège a vendu tout son or en 2004​

Norway Gold Sales

 

Que ce type de richesse soit obtenu par le pillage d’or ou autres matières premières des colonies, ou par la découverte de ressources naturelles dans son propre pays, cela mène souvent à une arrogance et une croyance que la richesse est éternelle. Cela est arrivé à plusieurs pays, comme l’Espagne et le Portugal du 16ème au 18ème siècle et le Royaume-Uni, un peu plus tard, alors que les ressources volées aux colonies s'amenuisaient. On observe aujourd’hui la même chose avec l’Arabie saoudite, qui accumule des déficits à cause de ses dépenses somptuaires et d’un bas prix du pétrole. Ces deux dernières années, son déficit s'élevait à 80-98 milliards $, soit 12-15% de son PIB.

Le plus grand fonds souverain au monde implosera-t-il ?

La Norvège, un petit pays qui a bien profité de ses découvertes de pétrole ces dernières années, a formé le plus grand fonds souverain au monde, à hauteur de 900 milliards $. Mais avec un prix du pétrole moins élevé, la Norvège réalise que, comme l’Arabie saoudite, elle doit commencer à ponctionner dans ce fonds. Le pays prévoit un déficit budgétaire à 8% du PIB en 2017. Si les prix du pétrole restent bas, la Norvège pourrait être forcée de retirer jusqu'à 4% de son fonds annuellement. En plus des bas prix du pétrole, des rendements bas sur les obligations ont entraîné une très faible croissance du fonds.

Mais la Banque centrale de Norvège a une solution élégante à ce problème : elle va augmenter l’exposition du fonds aux actions et obligations à 75%, contre 60% actuellement. Cela veut dire une dépense supplémentaire de 130 milliards $. Clairement, les dirigeants de la banque ne sont pas inquiets du fait que les actions dans le monde ont déjà grimpé de manière exponentielle et sont grossièrement surévaluées. Leur avidité pour des rendements plus élevés a pris le dessus sur les risques majeurs qu’ils prennent avec les économies des Norvégiens.

Ils sont surtout inquiets à l'idée que le prix du pétrole puisse rester au niveau actuel, ce qui, disent-ils, pourrait anéantir 50% de la valeur du fonds lors des dix prochaines années, mais cette probabilité n’est que de 1%, selon le gouverneur de la Banque de Norvège. Mais Øystein Olsen ne s’inquiète pas encore du déclin potentiel des marchés boursiers de 75-90%. Un mouvement de cette ampleur, qui n’est pas impossible, combiné avec de bas prix du pétrole et des déficits croissants, pourrait avoir raison du fonds souverain norvégien d’ici cinq ans. Naturellement, il va de soi qu’aucun gouverneur de banque centrale ne ferait une telle prédiction, puisque cela serait son ticket pour l’asile. Les gouverneurs de banques centrales ne disent jamais la vérité lorsqu’ils sont au pouvoir. On l'a encore vu avec Alan Greenspan, un partisan de l’or jusqu’à ce qu’il devienne gouverneur de la Fed, qui a récemment déclaré "pour moi, l’or est la monnaie mondiale par excellence." Imaginez quel héro le gouverneur Olsen deviendrait s’il dépensait 130 millions $ pour acheter de l’or à 1 250 $ l’once au lieu d’actions à un ratio cours-bénéfice (P/E) de 29 ou plus. Au lieu de présider l'effondrement du fonds souverain, il serait le premier gouverneur d’une banque centrale occidentale à assurer la richesse de sa nation avec de l’or.

Mais ni le gouverneur de la Banque de Norvège, ni tout autre gouverneur de banque centrale occidentale n’oserait faire une action si intelligente. Cela irait à l'encontre de la pratique conventionnelle. Il ne réalise pas que ce manque de courage pour protéger le fonds démontre que sa décision est banale et conventionnelle, mais qu’elle manque de toute forme de sagesse.

Le Kirghizistan comprend la nature de l’or

Pour trouver des gouverneurs de banques centrales sages, il faut se tourner vers l’Est. À l’Ouest, la monnaie fiduciaire est reine et nul gouvernement ou banquier central ne comprend l’importance de l’or. Il est tellement rafraîchissant de voir le gouverneur d’une banque centrale d’un pays, similaire à la Norvège en termes de population, souhaiter que chacun des citoyens possède au moins 100 grammes (3 onces) d’or. Ce pays est le Kirghizistan, et le gouverneur de sa banque centrale, M. Abdygolov, soutient que l’or est un excellent moyen d'épargner : "Nous souhaitons que notre population apprenne à diversifier son épargne avec des actifs plus liquides et – plus important encore – capables de conserver leur valeur," a-t-il déclaré.

 

Kyrgyzstan Gold Purchases

 

Quand avons-nous entendu, pour la dernière fois, un gouverneur d’une banque centrale occidentale dire aux citoyens que le meilleur moyen de se protéger contre la destruction monétaire est de se procurer de l’or ?

Imaginez si Janet Yellen disait aux Américains que les États-Unis se préparaient à imprimer des quantités illimitées de monnaie pour sauver le pays et que, donc, la Fed recommandait à tout le monde d'achèter 100 grammes, ou trois onces, d’or avant qu’ils ne se mettent à imprimer. Si 325 millions d’Américains achetaient trois onces d’or chacun, la population américaine en posséderait 32 500 tonnes, ce qui serait quatre fois la quantité que le gouvernement est supposé détenir, ou l’équivalent de dix ans de production aurifère mondiale. Mais même si la population américaine n’en achetait que le 1/10, elle en posséderait 3 250 tonnes, ce qui vaudrait 130 milliards $. Au lieu d’en détenir 100 grammes comme les citoyens du Kirghizistan, les Américains en détiendraient en moyenne 10 grammes, ce qui coûterait environ 400 $ à l'achat. Un montant pas impossible à atteindre en économisant plusieurs années.

Mais nous rêvons, bien sûr. Janet Yellen ne dira jamais aux citoyens américains que la Fed et le gouvernement détruiront le dollar. Elle ne lui dira pas, non plus, que depuis que Nixon a aboli l’adossement du dollar à l’or en 1971, leur monnaie a perdu 97% de sa valeur en termes réels, par rapport à l’or.

Au contraire, dans les années à venir, les Américains se rendront compte, malheureusement, que leur dollar US ne vaut plus rien. Pour une petite minorité bien informée, il est encore possible de se protéger en achetant de l’or et de l’argent physique, avant que le dollar n’atteigne sa valeur intrinsèque de ZÉRO.

Source originale: Matterhorn - GoldSwitzerland

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