En avril, lorsque Deutsche Bank a accepté de régler les accusations de manipulation de l’argent en échange de 38 millions $, nous écrivions que "les anciens membres du cartel de manipulation se tournaient les uns contre les autres", et que Deutsche Bank fournirait des documents impliquant d’autres manipulateurs de métaux précieux : "En plus de considérations financières importantes, Deutsche Bank a aussi accepté de coopérer avec les plaignants, en leur fournissant des messages instantanés et autres communications électroniques, dans le cadre du règlement. Cette coopération de Deutsche Bank aidera les plaignants à tenter de faire valoir leurs réclamations contre les défendeurs non réglés."

Nous avons finalement une idée du contenu de ces communications et, selon des documents déposés par les plaignants à la Cour, Deutsche Bank a fourni des preuves flagrantes que UBS Group AG, HSBC Holdings Plc, Bank of Nova Scotia et d’autres sociétés ont manipulé le marché de l’argent. Cette allégation, comme Bloomberg l’a révélé en premier, a été déposée mercredi à une cour fédérale de Manhattan dans le cadre d'une poursuite entamée en 2014 par des particuliers et entités ayant acheté ou vendu des contrats à terme sur l’argent.

Les documents fournis par Deutsche Bank (voir ci-dessous) montrent que les traders coordonnent des transactions avant le "fixing", manipulent le marché spot pour l’argent, conspirent pour établir l’écart (spread) offert aux clients, et utilisent des stratégies illégales pour manipuler les prix.

"Les plaignants peuvent maintenant plaider avec des preuves concrètes, incluant des conversations électroniques secrètes entre des traders et soumissionnaires de plusieurs institutions financières, qu'une vaste conspiration bien coordonnée dure depuis plusieurs années pour manipuler les prix de l'argent," ont indiqué les plaignants dans leur dépôt au tribunal.

Ces nouvelles preuves sont essentielles car ce système de manipulation "va bien au delà de la conspiration préalablement alléguée." Par conséquent, les avocats des plaignants ont demandé la permission de déposer une nouvelle plainte contenant les allégations additionnelles, afin d’être en mesure d’exiger des indemnités supplémentaires aux défendeurs non réglés, tout en présentant peut-être des preuves de manipulation en cours. La nouvelle plainte étendrait l'affaire au-delà des quatre banques initialement poursuivies pour y inclure des allégations contre Barclays Plc, BNP Paribas Fortis, HSBC, Standard Chartered Plc et Bank of America Corp.

Les représentants d’UBS, BNP Paribas Fortis, HSBC, Standard Chartered et Scotiabank n’ont pas répondu, pour l’instant, aux demandes d'interviews. Barclays et Bank of America ont refusé tout commenteraire.

Les documents fournis par Deutsche Bank montrent, entre autres, comment deux traders d’UBS ont communiqué directement avec deux traders de Deutsche Bank et discuté des moyens de manipuler le marché. Les traders ont partagé des informations sur le flux d’ordres des clients, déclenché des ordres stop de clients de manière inappropriée, et ont même fait du spoofing (émettre de faux ordres d’achat ou de vente, puis les retirer soudainement), tout cela en vue de déstabiliser le prix de l’argent avant le "fixing" et de provoquer des ventes ou achats forcés. Cela a aussi entraîné de nombreuses attaques vicieuses sur les métaux précieux, quand des milliards de dollars en contrats à terme émergeaient de nulle part, généralement avec l'intention de vendre, afin de casser tout mouvement à la hausse des métaux précieux.

Selon les plaignants, "UBS était le troisième plus gros teneur sur le marché au comptant de l'argent, et pouvait directement influencer le prix des instruments financiers basés sur l’argent via le gros volume d’argent qu’elle échangeait. Le fait de conspirer avec d’autres gros teneurs de marché, comme Deutsche Bank et HSBC, n'a fait que augmenter la capacité d’UBS à influencer le marché."

Voici plus bas quelques exemples de chats. Le premier exemple est une conversation entre des traders de Deutsche Bank et de HSBC, dans lequel un trader de HSBC dit "vraiment vouloir vendre de l’argent", ce à quoi l’autre trader répond : "Allons-y et écrasons-le ensemble."

 

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Une autre transcription d’un chat du 11 mai 2011 révèle qu’un trader de Deutsche Bank dit à un trader d’UBS : "NOUS SOMMES LE MARCHÉ DE L’ARGENT", ce à quoi le trader d’UBS répond, en parlant du marché de l’argent, "nous l’avons bien écrasé". Puis le trader de Deutsche Bank se lamente : "Put***, UBS, vous me faites regretter de ne pas avoir participé."

 

Live chat part2

 

Finalement, pour tous ces traders qui se demandent ce qui est arrivé à leurs ordres stop, suite aux mouvements violents des prix, voici la réponse : un chat de juin 2011 entre un trader d’UBS et de Deutsche Bank se termine par la boutade suivante (basée sur la chanson du film Ghost Busters) : « Si vous avez des ordres stop… qui appellerez-vous ?... STOP BUSTERS ».

 

Livechat part 3

 

Si la requête des plaignants pour une poursuite élargie est acceptée, il faut s’attendre à d'autres étincelles. D’autres banques voudront régler leurs litiges individuellement et, peut-être même, fournir d’autres preuves de la manipulation sans précédent du marché des métaux précieux, ce qui pourrait entrainer des peines d’emprisonnement pour certains manipulateurs du marché.

Tous les détails de l’affaire (London Silver Fixing Ltd. Antitrust Litigation, 1 :14-md-02573 District Court, Southern District of New York (Manhattan)) ci-dessous :

 

 

Source originale: Zerohedge

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