Avec l’indice du dollar US qui monte et des « cygnes noirs » dans le monde entier, il est temps de se protéger, selon Bob Moriarty. Dans sa récente interview avec The Gold Report, le fondateur de 321gold.com donne son avis sur la politique internationale des États-Unis et fustige les commentateurs qui lisent l'avenir dans les feuilles de thé afin de prédire les prochains mouvements du marché. Mais tout ne va pas si mal : Bob Moriarty discute aussi des compagnies minières qui offrent des opportunités.

 

The Gold Report : Bob, lors de notre dernier entretien en février, il y avait une dévaluation des devises en Argentine et au Venezuela. Les taux d’intérêt étaient en hausse en Turquie et en Amérique du Sud. Nous avions un programme d’achat d’obligations. Maintenant, seulement huit mois plus tard, il y a l’épidémie Ebola et l'ISIS. La Crimée a été annexée par la Russie. L’indice du dollar est à la hausse. L’or, l’argent et la plupart des matières premières ont baissé. Avec toutes ces nouvelles, qu’est-ce que les gens devraient surveiller de près ?

Bob Moriarty : Il y a une accumulation de black swans (cygnes noirs) au-dessus de nos têtes et chacun d'entre eux pourrait avoir des conséquences catastrophiques. Les problèmes fondamentaux de la crise de la dette mondiale et de la crise bancaire n’ont jamais été résolues. Les questions fondamentales sur l’euro n’ont jamais été résolus. Le monde est plus proche du précipice qu’il ne l’était en février.

Au sujet de ISIS… Je crois que j’avais six ans quand mes parents m’ont montré, en pointant du doigt, un nid de guêpes. Ils m’ont dit : « Quoi que tu fasses, ne dérange jamais le nid de guêpes. » Évidemment, n’étant âgé que de six ans, j’ai pris un bâton et suis allé frapper sur le nid, ce qui déplut énormément aux guêpes… J’ai appris la leçon.

Nous avons joué avec le nid de guêpes lorsque nous avons envahi l’Irak et l’Afghanistan. Le résultat est que tous les fanatiques religieux sont maintenant armés. Nous leur avons dit : « Ok, voici vos armes, allez tuer quelqu’un, et nous planterons des fleurs. » Nous récoltons ce que nous avons semé. Nous devons les laisser tranquilles et les laisser décider ce qu’ils veulent faire. C’est notre présence au Moyen-Orient qui crée le problème.

 

TGR : Se retirer permettrait-il au Moyen-Orient de s’en sortir, ou y aura-t-il continuellement des guerres civiles qui menaceront le monde ?

BM : Nous sommes le catalyseur au Moyen-Orient, guidés par la théorie qui prétend que nous sommes les policiers du monde, meilleurs et plus intelligents que tous les autres, et que nous sommes assez riches pour se permettre de faire guerre après guerre. Ces croyances sont toutes infondées. L’idée selon laquelle l’Amérique est exceptionnelle est de la foutaise. Nous ne sommes pas plus intelligents. Nous ne sommes pas meilleurs. Et nous ne sommes certainement pas des policiers efficaces.

Le Congrès des États-Unis a été acheté et payé pour cela par des groupes d’intérêts spéciaux : une partie de Wall Street, des banques, et Israël. Nous essayons de faire des choses que nous ne pouvons pas faire. Les États-Unis ont besoin de se mêler de leurs propres affaires.

 

TGR : Selon vous, il y aura bientôt un krach boursier. Qu’en est-il ?

BM : Il y a deux énormes éléphants dans la pièce qui se battent : l’éléphant de l’inflation et l’éléphant de la déflation. L’éléphant de la déflation est composé de $710,000 milliards de produits dérivés, ce qui équivaut à $100,000 pour chaque homme, femme et enfant de cette planète. Ces produits dérivés vont exploser et s’effondrer, et cela amènera à la déflation.

En même temps, le monde est submergé de dette, plus de dette que nous n'en ayons jamais vue dans l’Histoire, et cela a apporté de l’inflation à l'énergie et au marché boursier. Quand les marchés actions et obligations imploseront, comme nous nous y attendons, nous assisterons à des choses vraiment terrifiantes. Nous nous tournerons vers le quantitative easing (QE) infini, et nous verrons le prix de l’or monter significativement. Il explosera à la hausse quand tout le reste s’effondrera.

 

TGR : Et ce krach, vous le voyez bientôt, à court terme, d’ici la fin de l’année ? Est-ce imminent ?

BM : Oui, imminent.

 

TGR : Êtes-vous positionné dans le marché ou à l’extérieur ?

BM : Je suis dans le marché. Pas dans le marché en général, mais dans les ressources. Il y a ce triangle de valeur créé par John Exter, la pyramide d’Exter. Il s’agit d’une pyramide inversée. Au sommet, il y a les produits dérivés et, en bas, il y a divers actifs, comme la dette sécurisée et les actions, les monnaies et devises… Et, tout en bas, l’actif qui a le plus de valeur à la fin, c’est l’or. Quand les produits dérivés, les obligations, les devises et les marchés boursiers s’effondreront, il ne restera plus que l’or.

 

 

TGR : Donc, à la fin, il ne reste que la matière première elle-même, et non les actions ?

BM : Pas nécessairement. Les actions représentent une propriété fractionnelle d’une matière première réelle. Il y a de vraiment merveilleuses compagnies, qui disposent d’actifs extraordinaires, et qui se vendent pour une bouchée de pain.

 

TGR : Dans un de vos récents articles, « Black Swans and Brown Snakes », vous suiviez l’indice du dollar US, qui avait grimpé douze semaines de suite, et vous avez parlé de l’influence du yen, de l’euro, de la livre… Pouvez-vous nous expliquer l’indice du dollar US, ainsi que son impact sur l’argent et l’or ?

BM : Premièrement, quand les gens parlent de l’indice du dollar US, ils pensent que cela a à voir seulement avec le dollar, ce qui n’est pas exact. L’indice est composé de l’euro, du peso mexicain, de la livre et d’autres devises. Quand l’euro baisse, l’indice du dollar grimpe. Quand le yen baisse, l’indice du dollar grimpe. Le dollar, tel que mesuré par l’indice du dollar, est devenu beaucoup trop cher. Cela faisait douze semaines qu’il grimpait. Le 3 octobre, il a grimpé de 1,33% en une seule journée, et c’était son pic ultime. Avec le recul, c’est évident. J’ai regardé les graphiques de l’argent et de l’or et, si vous placiez un miroir face à l’indice du dollar, c'était similaire aux graphiques de l’argent et de l’or en sens inverse. Quand les gens parlent des prix de l’or et de l’argent qui baissent, ce n’est pas tout à fait vrai. L’euro a décliné. Le yen a décliné. La livre a décliné, et la valeur de l’or ou de l’argent n’a pas changé. Elle a changé par rapport au dollar US. Dans toutes les autres devises, l’or et l’argent ont gardé la même valeur depuis juillet.

L’indice du dollar US est d'une exubérance irrationnelle, et il est prêt pour un krach. Quand il s’effondrera, il entraînera avec lui la Bourse et, peut-être, le marché des obligations. Si vous entendez parler d’une augmentation de « quantitative easing », rejoignez votre bunker.

 

TGR : Devrais-je en conclure que l’or et l’argent grimperont ?

BM : Oui. Il y a d’énormes influx de monnaie de Chine, du Japon, d’Angleterre, de l’Europe en général, vers les marchés d’actions et d’obligations. Ce qui est arrivé depuis juillet est l’équivalent de l’eau qui se retire avant un tsunami. Ce n’est pas l’eau qui arrive qui annonce un tsunami, mais bien celle qui se retire. Personne n’y a porté attention parce que tout le monde voit les choses en termes d’argent, d’or, de platine ou de pétrole, et ne voit pas les choses dans leur ensemble. Il faut regarder les choses dans leur ensemble. Un krach financier est à venir. Je ne vais pas tourner autour du pot. Il n'y a pas 99% de chances que cela arrive… non, cela est sûr à 100%.

 

TGR : Pourquoi devra-t-il y avoir un krach ? Le marché ne pourrait-il pas expérimenter tout simplement une correction ?

BM : Parce que le système financier mondial est en tel déséquilibre qu’il ne peut descendre graduellement. Il doit s’effondrer. En physique, le terme pour cela est l’entropie. Quand vous faites tourner une toupie, son mouvement est d’abord doux et régulier. Comme elle ralentit, elle devient de moins en moins stable et, finalement, elle tombe. C’est la même chose avec le système financier qui devient de moins en moins stable chaque jour qui passe.

 

TGR : Vous avez tenu un discours au Cambridge House International 2014 Silver Summit, qui se tenait les 23 et 24 octobre. Bo Polny y était aussi, et il a prédit que l’or s’avérera être le plus grand investissement de l’Histoire. Il s’attend à ce que l’or atteigne $2,000 l’once d’ici la fin de l’année. Nous nous dirigeons vers le troisième cycle de sept ans d’un cycle haussier de 21 ans. Êtes-vous d’accord avec lui ?

BM : J’ai vu plusieurs interviews de Bo. Le seul problème avec sa théorie des cycles est que vous ne pouvez saisir ses arguments de manière logique ou factuelle. Maintenant, si vous regardez mes commentaires au sujet de l’argent, de l’or et de la Bourse, nous savons de manière factuelle que l’indice du dollar US a grimpé pendant douze semaines de suite. Ce n’est pas une opinion, c’est un fait. J’utilise les faits et la logique pour en arriver à une conclusion.

Quand quelqu’un arrive et dit que les feuilles de thé lui disent que l’or sera à $2,000 d’ici la fin de l’année, vous êtes forcé de le croire ou non. Je ne fais pas de prédictions de prix; je ne connais personne qui peut le faire. Si Bo peut vraiment le faire, il deviendra très populaire et très riche.

 

TGR : Cela fait quelques années que beaucoup de personnes ont prédit un krach important. Comment peut-on même essayer de prédire une date ? Un tas de gens qui ont spéculé là-dessus ont perdu de l’argent.

BM : C’est un point important. Cela fait des années que les gens misent contre le yen, et cela s’est avéré être une des mises les plus chères. De la même manière, d’autres ont misé sur l’or et l’argent et ont perdu beaucoup. Je n’ai pas fait autant d’argent que j’aurais aimé, ces trois dernières années, mais mon approche est assez conservatrice et je ne crois pas être en mauvaise position.

 

TGR : Pourriez-vous décrire votre approche conservatrice ?

BM : La façon de faire de l’argent dans n'importe quel marché est d’acheter quand les choses ne coûtent pas cher et de vendre lorsqu’elles sont chères, c’est aussi simple que cela. Les marchés montent, les marchés baissent. Il n’y a rien de magique là-dedans.

 

TGR : Parlons un peu des titres aurifères, parce que ces titres sont probablement le moins cher qu’ils aient jamais été. Quelles sont les compagnies qui vous intéressent particulièrement ?

BM : Comparé au prix de l’or, les actions minières sont au plus bas de leur histoire. Pourraient-elles descendre encore ? Bien sûr. Cependant, mathématiquement, il s’agit actuellement de la meilleure opportunité. Je suis allé voir une aurifère en Californie – California Gold Mining Inc. (CGM : TSX.V). Cette compagnie a des ressources historiques de trois sources différentes de 2millions onces d’or (2 Moz), à haute teneur, facilement extractible. La compagnie possède une parcelle de 3,351 acres que vous pourriez vendre à la valeur de la compagnie elle-même, au prix d’aujourd’hui. Elle a une capitalisation boursière de $8million, et sa parcelle vaut $8million. Vous pouvez avoir plus de 2 millions d’onces gratuitement. Désolé, mais le risque est de zéro pour cette action à ce prix. Vous ne pourriez pas rater votre coup. La probabilité de succès est très, très grande.

 

TGR : Y a-t-il d’autres compagnies qui vous intéressent ?

BM : J’étais en Australie avec Novo Resources Corp. (NVO :CNSX; NSRPF :OTCQX). La théorie du géologue Quinton Hennigh, selon laquelle l’or se précipite dans l’eau salée, a été complètement éprouvée. Il déplace ce projet vers la production, et je crois que la compagnie sortira une étude de faisabilité, cet été ou l’an prochain. Les actions de Novo Resources ont beaucoup souffert. Elles sont passées de $2.15 à près de $0.80 l’action, et ce n’est pas cher.

 

TGR : La dernière fois que nous vous avons interviewé, vous nous avez parlé de WCB Resources Ltd. (WCB :TSX.V), aussi une minière australienne.

BM : WCB Resources fait des forages en Papouasie-Nouvelle-Guinée sur un gisement porphyrique d’or-cuivre, et la compagnie divulguera bientôt les résultats de ces forages. L’action n'est pas chère. WCB Resources a du potentiel.

Il y a une autre compagnie que je suis de près, Barisan Gold Corp. (BG :TSX.V), qui est en Indonésie. Bien sûr, l’Indonésie est du mauvais côté des rails, mais la compagnie continue d’obtenir des résultats incroyables. Ce sera une mine. La compagnie n’a qu’une capitalisation boursière de $3million. Cela est tellement irrationnel que je ne peux tout simplement pas le croire. Il y a 40 ans, cette compagnie aurait valu $500million. Je pense qu’elle le revaudra encore.

 

TGR : Pourriez-vous nous parler d’autres compagnies prometteuses ?

BM : Columbus Gold Corp. (CGT :TSX.V; CBGDF:OTCQX) possède des ressources de 4,3million d’onces, et elle a convaincu une compagnie russe qui gère neuf mines, Nordgold N.V. (NORD :LSE), d’investir $30million pour faire une étude de faisabilité. Nordgold peut y gagner une option de 50% de la ressource. À un certain point, elle offrira d’acheter Columbus Gold.

 

TGR : Si ces compagnies se vendent à ces prix, pourquoi ne voyons-nous pas plus d’acquisitions ?

BM : Nous en voyons. Mais ce qui est drôle est que tout le monde les ignore, parce que les gens se disent, ô mon Dieu, l’or a baissé, je ne veux plus en acheter, je n’en veux plus… ce qui est stupide.

 

TGR : Je suis d’accord avec cela, Bob. Comme toujours, merci encore d’avoir partagé avec nous vos connaissances.

BM : Cela m’a fait plaisir.

Source originale: Theaureport.com

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