C’est le nouveau phénomène à la mode, les médias parlent de plus en plus du bitcoin, cette monnaie virtuelle créée en janvier 2009 et dont le cours vole de record en record. Que faut-il en penser ?

Rappelons succinctement son fonctionnement : cette monnaie virtuelle circule sur un réseau peer to peer, c'est-à-dire sans serveur central, sans "autorité hiérarchique", sans banque centrale. Pour interdire toute fausse monnaie, chaque bitcoin est tracé depuis sa création, à travers la signature (électronique) de chacun de ses détenteurs successifs. Et ce travail de vérification (coûteux en calcul informatique) est assuré par les "mineurs", qui sont récompensés… en bitcoins ainsi que par les (très légers) frais de transaction. Le système est donc parfaitement autonome, autorégulé.

Longtemps limité aux milieux informatiques alternatifs, le bitcoin sort de l’ombre en cette année 2013. La faillite de Chypre au printemps et la ponction des comptes bancaires fait découvrir à beaucoup qu’une banque n’offre pas une protection absolue pour ses économies. Alors qu’un compte en bitcoin, personne n’a autorité pour vous le prendre. Au même moment l’Argentine instaure un contrôle des changes pour empêcher la fuite des capitaux, et l’on découvre que le virement en bitcoin n’a que faire des frontières. Rajoutez sur ces deux événements de nombreux articles dans la presse anglo-saxonne et le cours du bitcoin, qui se traînait paresseusement sous les 10 euros durant 2012, passe à 100 euros cet été (après avoir connu une bulle à 200 euros suivie d’un krach en avril). Nous assistons à une nouvelle poussée de fièvre depuis fin octobre (presque 300 euros le 13 novembre !) après que Baidu (premier moteur de recherche chinois) décide de l’accepter comme paiement et que eBay (propriétaire de Paypal) signale son intérêt… Le bitcoin s’institutionnalise.

Il y a aussi un élément de fond qui pousse à la hausse : la quantité de bitcoins en circulation augmente régulièrement mais ne dépassera jamais un certain nombre (21 millions), c’est prévu par l’algorithme lui-même (cela ne gênera pas les transactions car le bitcoin est divisible jusqu’à la huitième décimale). Cela interdit en conséquence toute "planche à billets", toute inflation. C’est une "monnaie matière première", on pourrait parler "d’or numérique".

Cependant, l’or, tout le monde connaît, au contraire du bitcoin. Au fur et à mesure que de nouveaux utilisateurs le découvrent, cela provoque parfois des engorgements. Actuellement 12 millions de bitcoins ont été émis, mais on estime que 80% d’entre eux ne circulent pas et sont thésaurisés. A 300 euros, la totalité des bitcoins existants pèse 3,6 milliards d’euros (12 millions multiplié par 300), ce qui est minuscule à l’échelle mondiale. Des à-coups sont donc à prévoir ! Et puis de l’or numérique ça reste de l’informatique, et donc à la portée des hackers, et de nombreux vols ont déjà eu lieu…

Le bitcoin possède de vrais atouts comme intermédiaire pour les paiements et les virements (commissions low cost, s’affranchit des frontières), mais comme placement il faut redoubler de prudence (sur la volatilité du cours comme sur la sécurité informatique).

Le bitcoin étant de création récente, le "système financier" ne lui a pas (encore ?) adjoint tout un tas d’instruments dérivés contrôlés par les grandes banques d’affaires, avec l’affectueuse complicité de la Fed, de façon à pouvoir "casser" son cours de temps à autre, comme pour l’or. Quand on parlera de "bitcoin papier", il faudra se méfier. D’ici là, la forte progression de son cours traduit un nombre d’utilisateurs en expansion, on l’a dit, mais aussi, et cela va de pair, une foi envers une monnaie non manipulée, ce qui est de plus en plus rare.

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